5 crimes impunis qui confondent encore la justice

Ces criminels sont encore inconnus à ce jour, car malgré des enquêtes exhaustives, ils n’ont toujours pas été découverts et leurs crimes restent impunis.

 

1 / Le meurtre au Capitole fait partie des meurtres non élucidés à ce jour.

Meurtre au Capitole : que savait l’élu du Congrès ?

Le 1er mai 2001, Chandra Levy, une stagiaire de 24 ans au Fédéral Bureau of Prisons, a quitté son appartement de Washington D.C. et a disparu. Cinq jours plus tard, sans nouvelles de leur fille, Robert et Susan Levy, de Modesto, en Californie, ont alerté la police. En fouillant l’appartement de Chandra, Susan a retrouvé les factures de téléphone de sa fille qu’elle et son mari payaient. Un numéro revenait souvent, celui du bureau de Gary Condit, leur représentant à la Chambre.

Chandra avait fait la connaissance de Gary à l’occasion d’une visite de ses bureaux avec une amie. Chaleureux et sympathique, l’élu de 53 ans avait proposé de leur faire découvrir personnellement le Capitole. Avant la fin de la journée, l’amie décrochait un boulot et Chandra un rendez-vous.

La relation se serait développée dans la foulée. Chandra aurait confié à une autre amie que son amoureux anonyme avait promis de renoncer à son siège à la Chambre, de divorcer de sa femme et de fonder une famille avec elle. Elle avait eu à peu près la même conversation avec sa mère. Convaincus que Gary était mêlé à la disparition de Chandra, les Levy n’ont pas manqué de le faire savoir aux médias.

Rapidement, les journalistes ont pris position devant la maison et le bureau de l’élu. Certains policiers de Washington le soupçonnaient. Gary Condit manquait de franchise. Interrogé sur sa liaison avec Chandra, il aurait répondu de manière évasive :

« Il n’est pas nécessaire d’aborder le sujet. »

Le 22 mai 2002, soit 386 jours après la disparition de Chandra Levy, un homme promenant son chien dans un sentier boisé de Rock Creek Park, à Washington, a buté sur ce qu’il a d’abord pris pour une carapace de tortue blanchie par le soleil. C’était le crâne de Chandra. Ses restes étaient exposés aux éléments depuis si longtemps que l’autopsie n’a pu déterminer la cause du décès ni relever d’indices importants.

La scène du crime rappelait aux policiers une série d’agressions perpétrées à Rock Creek à l’époque de la disparition de Chandra. Un homme avait attaqué deux joggeuses pour les entraîner vers un endroit reculé du parc. Elles avaient réussi à repousser l’assaillant, un immigrant salvadorien de 19 ans.

Ingmar Guandique purgeait désormais une peine de 10 ans en prison. Le jeune homme aurait avoué sa responsabilité dans la mort de Chandra, selon un codétenu. Accusé de meurtre, Ingmar Guandique a été condamné en 2010 à 60 ans de prison.

Mais l’histoire n’a pas tenu longtemps: un ami de l’indicateur a remis aux autorités des enregistrements secrets dans lesquels celui-ci reconnaissait avoir menti sur les aveux d’Ingmar Guandique. Ce dernier a été libéré, et l’identité du meurtrier de Chandra a replongé dans le mystère.

La carrière politique de Gary Condit s’est effondrée. Deux mois après la découverte des restes de Chandra, il a perdu les primaires démocrates. Jusqu’à présent, aucun nouvel indice ne relie l’ancien élu à la mort de la jeune stagiaire, et il a toujours résolument refusé de reconnaître leur liaison.

 

2 / La disparition des 24 enfants d’Atlanta.

Wayne Williams a toujours nié être mêlé aux meurtres.

24 enfants disparaissent, la question demeure : qui les a tués ?

Entre l’été 1979 et l’été 1981, la population afro-américaine d’Atlanta a vécu dans la peur. Au cours de ces deux années, au moins 24 enfants et adolescents noirs ont disparu avant de réapparaître sous forme de cadavres. Les deux premiers, Edward Smith, 14 ans, et Alfred Evans, 13 ans, ont été retrouvés par une femme qui cherchait des boîtes d’aluminium et des bouteilles vides dans des fourrés en bordure de route. Les dents et les vêtements de la petite LaTonya Wilson, sept ans, un des six enfants tués au cours de l’été 1980, sont les seuls éléments qui ont permis de l’identifier, quatre mois après sa disparition.

« On avait le sentiment qu’on découvrait un corps tous les jours, tous les soirs, a raconté au New York Times Sheila Baltazar, dont le fils Patrick, ­12 ans, a été tué en 1981. On faisait pourtant tout pour protéger nos enfants. »

 

Le président Ronald Reagan a envoyé dans l’État de Géorgie le vice-­président George H. W. Bush afin qu’il se saisisse du dossier. Le tueur n’a jamais été identifié.

Du moins, pas officiellement. De nombreux habitants d’Atlanta croient savoir de qui il s’agit – et l’homme se trouvait déjà en prison. Le 22 mai 1981, des policiers surveillaient le pont de la voie rapide James Jackson quand ils ont entendu un grand plongeon dans la rivière Chattahoochee. La seule personne présente en voiture sur le pont à ce moment-là était Wayne Williams, un producteur de musique raté. Les agents l’ont arrêté et interrogé, puis l’ont relâché.

Quand, deux jours plus tard, le corps de Nathaniel Cater, 27 ans, est remonté à la surface, Wayne Williams a été arrêté, puis reconnu coupable de la mort de cet homme ainsi que de celle d’un autre Afro-Américain, Jimmy Ray Payne, 21 ans. L’un et l’au­tre avaient été asphyxiés, comme les enfants assassinés. Les enquêteurs ont prélevé sur eux des fibres de tapis et des poils de chien identiques à ceux retrouvés sur 10 des enfants. Plus significatif encore : depuis que Wayne Williams était en prison, soit le 21 juin, aucun enfant n’avait été assassiné.

Wayne Williams a-t-il tué plusieurs, voire tous les enfants ? Les autorités en sont convaincues, mais ne voient pas la nécessité de l’inculper étant donné qu’il est déjà condamné à perpétuité pour deux meurtres. Ce n’est pas l’avis de tous. Certains habitants sont persuadés de l’innocence de Wayne Williams et soupçonnent plutôt le Ku Klux Klan. Des parents soutiennent qu’un complot ourdi par la CIA pour le gouvernement est responsable du meurtre des enfants.

L’écrivain James Baldwin voit en Wayne Williams le bouc émissaire idéal pour les dirigeants municipaux soucieux d’étouffer l’affaire. Les meurtres ne resteront peut-être pas longtemps impunis. La mairesse Keisha Lance Bottoms, qui n’était qu’une gamine effrayée de neuf ans à l’époque du dernier meurtre, a ordonné la réouverture de l’enquête.

« Nous voulons pouvoir regarder les gens dans les yeux, a reconnu la directrice de la police d’Atlanta au Times, et leur dire que nous avons tout fait pour rendre justice aux victimes et à leurs familles. »

 

3 / L’affaire du Dahlia noir

 

Cet ancien enquêteur de la police de Los Angeles est persuadé de connaître l’identité du meurtrier, mais sa proximité avec le suspect le hante.

Les matins d’hiver peuvent être frais à Los Angeles, comme ce 15 janvier 1947 Betty Bersinger conduisait sa fille en poussette sur les trottoirs envahis de mauvaises herbes de Leimert Park. À cette époque, bungalows et terrains vagues formaient un paysage édenté, côtoyant les chantiers interrompus par la guerre.

Comme elle approchait du croisement de la 39e rue et de la rue Norton, Betty a vu ce qu’elle a d’abord pris pour un mannequin brisé abandonné au milieu des herbes folles et du verre brisé à quelques pas de la rue. Un nuage d’insectes tournoyait au-dessus d’un corps démembré de couleur claire. Plus loin, des enfants roulaient à vélo. Elle a ­appelé à l’aide.

Rapidement, policiers et journalistes ont envahi le terrain vague pour examiner le cadavre. Le corps de la victime – une femme menue d’environ 54 kg, cheveux foncés, 1 m 65 – avait été minutieusement sectionné en deux au niveau de la taille et vidé de son sang. Il était couvert d’ecchymoses et d’entailles profondes. « D’un sadisme déchaîné», décrira plus tard un témoin.

Une mort atroce vraisemblablement infligée par un esprit corrompu – un sujet idéal pour la presse rapace de Los Angeles. Quelques heures plus tard, la victime figurait partout en première page ; Elizabeth Short, une jeune femme originaire de Boston, sans emploi ni adresse fixe. Le propriétaire d’une pharmacie fréquentée par celle qui rêvait de devenir actrice a révélé le surnom dont certains clients l’affublaient ; les journaux s’en sont emparés. On ne parlerait désormais que du « Dahlia noir ».

Pendant des semaines, policiers et journalistes ont exploré différentes pistes : les amants, les proxénètes et même Woody Guthrie, le chanteur folk. Les semaines sont devenues des mois, les mois des années. Les gros titres ont disparu. Officiellement, l’enquête se poursuivait, mais l’affaire se transformait doucement en légende et produirait des romans et des films, sorte de rappel macabre que, à Hollywood, la réalité n’est jamais ce qu’elle semble.

Steve Hodel était bien placé pour le savoir. Il avait cinq ans à l’époque du meurtre, mais ce n’est qu’en 1999 qu’il s’y est intéressé. Cette année-là, sa demi-­sœur Tamar Hodel, avec laquelle il venait de renouer, a lancé cette bombe au sujet de leur père récemment décédé : «Sais-tu que papa a été soupçonné du meurtre du Dahlia noir?» Steve était secoué, d’autant qu’il avait été enquêteur pour la police de Los Angeles.

Enfant, Steve voyait son père comme un personnage charismatique, mais distant. Fils d’immigrants russes et musicien prodige, George Hodel possédait un QI supérieur à celui d’Albert Einstein. Universitaire à 15 ans, il avait exercé comme médecin et avait même été nommé directeur médical de la ville de Los Angeles.

Grâce à son mariage avec une beauté de Holly­wood au carnet mondain bien fourni, il avait fréquenté des sommités, comme le surréaliste Man Ray.

« Dès qu’il entrait dans une pièce, tout le monde se retournait, se souvient Steve. Il envoûtait les gens. »

 

Ses parents ont divorcé quand Steve était encore enfant. Son père est allé vivre ailleurs. Steve a renoué avec lui plus tard et découvert son côté sombre – une obsession maladive pour le sexe, un profond mépris des femmes et un besoin irrépressible de dominer et de manipuler. Le fils a fini par accepter que le père bien-aimé était tout sauf un citoyen modèle.

Quand Tamar a rappelé que George avait pu être un meurtrier violent, Steve n’a pour autant pas voulu y croire. Mais l’ancien enquêteur de police savait aussi que rien ne résiste à la preuve. Alors il a creusé et fini par conclure que Tamar avait peut-être raison. Voici ce qu’il a découvert :

Selon plusieurs sources, George connaissait Elizabeth Short ; il l’aurait rencontrée dans sa clinique spécialisée dans le traitement des maladies vénériennes.

Peu de temps avant le meurtre, George a acheté des sacs de ciment d’une vingtaine de kilos. La police a retrouvé sur la scène du crime des sacs similaires vides. Steve pense que George a tué Elizabeth Short ailleurs et s’est servi des sacs pour transporter son cadavre dans le parc.

George était l’un des rares médecins formés à l’hémisomatectomie, une chirurgie qui consiste à amputer la moitié inférieure du corps sans fracturer d’os, comme ce qui a été observé sur le cadavre de l’infortunée.

Après le meurtre, le tueur a envoyé aux journaux des lettres et des effets personnels d’Elizabeth Short ; l’écriture ressemble à s’y méprendre à celle de George.

Les policiers se sont intéressés à George en 1949, après qu’il a été accusé d’agression sexuelle par sa propre fille, Tamar. Des témoins affirmaient l’avoir vu agresser l’adolescente, mais les avocats du prévenu ont défendu qu’elle avait tout inventé pour attirer l’attention. George a été acquitté. La police a enquêté sur George dans l’affaire du Dahlia noir dès 1950, a appris Steve. Des micros ont été installés dans sa maison de Laurel Canyon et il existe des centaines d’heures d’enregistrements. Les policiers ont eu l’impression d’entendre une femme non identifiée battue à mort, puis enterrée. Ils n’y ont pas donné suite.

Toujours sur ces enregistrements, le médecin aurait un jour été tout près d’avouer le meurtre de la jeune femme :

« Imaginons que j’aie tué le Dahlia noir. Ils ne peuvent plus le prouver maintenant. »

 

Steve a découvert qu’au lieu d’interroger George sur Elizabeth Short, la police a clos l’enquête. En 1953, personne n’a tenté d’empêcher le médecin de quitter le pays pour passer les 40 années suivantes en Asie du Sud-Est.

Pourquoi l’a-t-on laissé s’échapper ? Steve a une théorie: son père connaissait les secrets inavouables de nombreuses personnes et cela l’a servi. «Il pratiquait des avortements à la demande de gens riches et célèbres, et de policiers», explique Steve. À une époque où la corruption était courante, il est plausible qu’un homme comme George Hodel, qui jouissait de nombreuses relations, ait pu neutraliser une enquête pour meurtre.

George Hodel

 

L’hypothèse de Steve sur le Dahlia noir a ses adeptes – « Je n’ai pas le moindre doute», affirme un procureur de Los Angeles. D’autres théories circulent : l’une impliquerait un garçon d’étage qui aurait assassiné Elizabeth Short parce qu’elle savait qu’il projetait de cambrioler des hôtels.

Aujourd’hui, Steve Hodel vit à Los Angeles et poursuit sa quête d’indices.

« J’aimais le Dr Jekyll en lui, le côté lumineux de cet homme. Il aurait pu trouver un remède contre le cancer, faire tant de choses pour l’humanité, confesse-t-il. Mais la part d’ombre de M. Hyde était plus forte. »

 

Steve Hodel partage certains des traits de caractère de son père – les meilleurs, espère-t-il. «Mon père m’a donné la force et l’obstination, dit-il. Les gènes qui ont nourri sa part obscure ont été indispensables à ma quête de vérité.»

 

4 / L’affaire JonBenét Ramsey

Pendant des années, les tabloïds ont pourchassé les Ramsey, qui n’ont jamais subi de procès.

La petite fille connaissait-elle son meurtrier ?

La mort d’une reine de beauté fait toujours la une, et le meurtre perpétré chez les Ramsey était odieux. C’est arrivé à Noël, en 1996, dans un quartier huppé de Boulder, au Colorado. Les Ramsey représentaient la famille idéale. John Bennett Ramsey possédait une entreprise d’informatique prospère. Sa femme, Patsy, était une ancienne Miss de l’État de Virginie-Occidentale. Mais ce n’est pas cette reine de beauté que l’on a retrouvée morte au sous-sol, du ruban adhésif sur la bouche, un cordon électrique autour des poignets et le corps enveloppé dans une couverture. La victime était la fille du couple, JonBenét, six ans. Le décès était attribuable à un traumatisme crânien et à une asphyxie provoquée par un garrot.

JonBenét avait remporté de nombreux concours de beauté – comme celui de Little Miss Colorado – et cela ajoutait une note de curiosité malsaine à cette histoire tragique. Les photos de JonBenét ultra maquillée avec ses mèches blondes et ses tenues de soirée ont occupé les médias des mois. On se posait la question : quels parents peuvent transformer de la sorte une petite fille en objet ? Patsy avait-elle tué sa fille dans un élan de colère ? Ou était-ce Burke, le grand frère de neuf ans, peut-être jaloux de JonBenét? Ou encore John, qui aurait agressé sexuellement sa fille ?

En fouillant la maison de style Tudor des Ramsey, les policiers ont trouvé une demande de rançon. Rédigée en caractères soignés où l’on sentait toutefois l’écriture précipitée, elle débutait ainsi :

« Attention ! Nous sommes un petit groupe représentant une faction étrangère. »

 

Les auteurs réclamaient 118 000 dollars. La somme correspondait au montant de la prime de fin d’année reçue par John Ramsey. La probabilité qu’une personne étrangère à la famille ou à l’entreprise ait été au courant était mince. Plus inquiétant, le brouillon de la demande de rançon avait été retrouvé dans la maison.

Les Ramsey ont clamé leur innocence et la police a trouvé d’autres pistes crédibles. Le quartier avait subi des vols les mois précédents. De plus, 38 délinquants sexuels inscrits au fichier vivaient dans un rayon de trois kilomètres. JonBenét avait pu attirer un prédateur. Les soupçons se sont aussi portés sur une ancienne femme de ménage et sur un voisin qui avait endossé le costume du père Noël.

En 1999, un jury a inculpé John et Patsy de maltraitance ayant entraîné la mort de leur fille (sans inculpation de meurtre). Les Ramsey ont échappé au procès, le procureur jugeant l’accusation improuvable. Burke, le frère de JonBenét, a aussi été mis hors de cause.

Patsy Ramsey est morte à 49 ans en 2006 d’un cancer de l’ovaire. Elle est enterrée auprès de sa fille.

 

5 / L’affaire Ken Rex McElroy

Un homme est assassiné en plein jour. Pourtant tout le monde se tait.

L’homme le plus détesté de Skidmore, dans le Missouri, était un voleur, une brute, un pyromane. Il n’hésitait pas à pointer son fusil sur le ventre d’un innocent et à tirer, il l’avait déjà fait. Et jusqu’au 10 juillet 1981, il s’en était toujours sorti.

Ken Rex McElroy, 47 ans, une « grosse brute aux cheveux gominés rejetés en arrière comme Elvis », était un homme colérique dont la feuille de route se résumait en quelques lignes: vol de bétail, coups et blessures, harcèlement et tentative de meurtre. Grâce au talent d’un avocat futé, Richard McFadin, et d’un groupe d’amis fidèles toujours disposés à lui fournir un alibi, l’homme se retrouvait rarement en prison. Quand ça ne marchait pas, il avait recours à l’intimidation. Un fermier qui l’avait surpris volant deux de ses chevaux avait d’abord porté plainte avant de se rétracter. Ken McElroy l’avait frappé au visage avec sa crosse de fusil.

L’appareil judiciaire semblait impuissant. Romaine Henry a surpris Ken McElroy à sa ferme et ce dernier lui a tiré dans le ventre. Ayant survécu à ses blessures, Romaine a porté plainte, mais des témoins ont juré que Ken était à la maison au moment du coup de feu. Un jury l’a déclaré non coupable. Sa chance a tourné en juillet 1980 quand l’épicier Bo Bowenkamp a accusé la fille de Ken McElroy, âgée de 8 ans, d’avoir volé un bonbon. Furieux, Ken s’est précipité chez Bo Bowenkamp et lui a tiré une balle de fusil dans le cou. L’homme de 70 ans a survécu. Ken a été arrêté. Le jury l’a reconnu coupable de coups et blessures. Il a été condamné à deux ans de prison, puis libéré sous caution en attendant son appel. Deux ans pour avoir tiré sur un homme ? Cette fois, les habitants de Skidmore en ont eu assez.

Le matin du 10 juillet 1981, des citoyens parmi lesquels on aurait reconnu le maire et le shérif se sont réunis pour discuter de l’affaire. Quelqu’un est entré en courant pré­venir que Ken McElroy se trouvait au D & G Tavern, tout près. Un groupe d’hommes s’est précipité vers le bar et a encerclé Ken. Celui-ci, imperturbable, a saisi le pack de six bières qu’il venait d’acheter, est sorti du D & G avec sa femme et s’est dirigé nonchalamment vers le stationnement avant de s’installer au volant de sa Chevy Silverado, sa femme à ses côtés. C’était sans compter les 60 personnes sorties du bar et des commerces voisins.

Ken a tourné la clé de contact et, alors qu’il passait la marche arrière, quelqu’un – peut-être étaient-ils plusieurs – a tiré. Ken s’est effondré, mort. Ce jour-là, tous les passants sans exception ont prétendu n’avoir rien vu. Si d’aucuns considéraient le sort de Ken McElroy mérité, Richard McFadin, son avocat, s’est fait l’écho au New York Times de ce que d’autres pensaient :

« La ville s’en est tirée avec ce meurtre. »

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