Affaires criminelles : Affaire Romand

L’affaire Romand est une affaire criminelle française. Elle implique Jean-Claude Romand, qui a menti à ses proches pendant dix-huit ans sur ses activités en se prétendant médecin et chercheur. Le 9 janvier 1993, alors qu’il est à court de ressources financières et que son épouse est sur le point de découvrir la vérité, il la tue, ainsi que ses enfants, avant d’aller assassiner ses parents. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, il est libéré sous conditions le 27 juin 2019.

Biographie de Jean-Claude Romand

Fils unique d’Aimé Romand, un régisseur-forestier et fermier jurassien, et d’Anne-Marie, mère au foyer, Jean-Claude Romand naît le 11 février 1954 à Lons-le-Saunier.

Élève particulièrement studieux, il passe avec succès le baccalauréat en 1971 avec un an d’avance. Il entame l’année préparatoire au concours des Eaux et forêts dans le lycée du Parc, mais abandonne à la suite d’un bizutage qu’il ne supporte pas. Il reprend l’année suivante, en 1972, des études de médecine à Lyon mais ne dépasse pas le stade de la deuxième année, ne s’étant pas présenté à l’examen pour des raisons inconnues, faisant pourtant croire à ses proches qu’il passe avec succès toutes ses années. Il continue pourtant d’assister aux cours les premières années, se montre pour les examens dans le hall d’entrée et à la sortie, et affirme avoir décroché le diplôme de médecine. En réalité, il se réinscrit douze fois (de 1975 à 1986) en seconde année de médecine et s’invente un cancer pour justifier auprès de ses parents et sa femme qu’il n’est plus en cours.

En 1980, il épouse Florence Crolet, pharmacienne qui effectue des remplacements à l’officine locale. Ils ont une fille Caroline puis un fils Antoine. Ils habitent route Bellevue, à Prévessin-Moëns dans l’Ain.

La Plongée dans le mensonge

Sans travail, Romand berne sa famille et ses amis durant des années en se disant médecin et chercheur à l’INSERM puis à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à Genève. Exemple paroxystique de mythomanie, il parvient à donner le change en lisant des ouvrages spécialisés pendant ses heures de désœuvrement. Convié avec son épouse à un dîner chez un ami médecin, Romand se retrouve à discuter avec un autre convive, cardiologue de profession, sur des sujets médicaux assez spécialisés. À la fin de la soirée, après le départ du couple, le praticien aurait parlé de Jean-Claude Romand à son hôte en ces termes : « À côté de gens comme lui, on se sent tout petit. »

Il vit des sommes d’argent qu’il a escroqués au fil des ans dans son cercle de relations (parents, beaux-parents, maîtresse) sous prétexte de placements en Suisse. Il est allé jusqu’à vendre à prix d’or de faux médicaments contre le cancer. Il rembourse les uns avec les sommes empruntées aux autres, selon le principe dit de cavalerie. Alors qu’il prétendait assister à des congrès internationaux de médecine au Japon et aux États-Unis, il passe des journées entières sur des parkings d’autoroute, près du lac Léman.

Les faits et l’enquête

Le samedi 9 janvier 1993, dans la chambre conjugale, Jean-Claude Romand tue son épouse Florence à l’aide d’un rouleau à pâtisserie, puis, dans leurs chambres, Caroline, âgée de sept ans, et Antoine, cinq ans, par des balles de carabine 22 Long Rifle équipée d’un silencieux, tirées à l’arrière du crâne. Après la tuerie, il range la maison, relève le courrier, sort en ville acheter des journaux, puis regarde la télévision.

Le jour même, après avoir déjeuné chez ses parents, dans leur maison de Clairvaux-les-Lacs dans le Jura, il les tue, ainsi que leur chien labrador, toujours avec sa carabine et de dos. Il reprend sa voiture pour aller à Paris et passer la soirée avec son ancienne maîtresse, Chantal Delalande, il a promis de l’emmener dîner chez son prétendu ami Bernard Kouchner, près de la forêt de Fontainebleau. Il feint de ne pas retrouver le chemin, s’arrête dans une clairière de la forêt et tente de la tuer en l’aspergeant de gaz lacrymogène et en l’étranglant, mais devant ses supplications, il l’épargne et la ramène chez elle. Enfin il rentre chez lui, après lui avoir fait promettre de ne rien dire à personne et avoir prétexté souffrir d’une grave maladie.

Dans la soirée de ce même samedi, vers 22 heures, il asperge d’essence le grenier, les lits de ses enfants et le corps de son épouse. Après s’être mis en pyjama et avoir avalé des barbituriques périmés depuis 10 ans, il allume l’incendie à quatre heures du matin, mais le feu éclate à l’heure où passent les éboueurs, ce qui permet aux pompiers de le sauver. Les pompiers retrouvent les corps des enfants et de leur mère à l’étage dans leurs chambres respectives, imbibés d’essence.

Plongé dans un coma profond, Romand est conduit dans un hôpital de Genève. Les gendarmes découvrent dans sa BMW de location un message manuscrit : « Un banal accident et une injustice peuvent provoquer la folie. Pardon. »

L’enquête montre rapidement que Jean-Claude Romand n’est pas l’homme que décrivent ses proches.

Il semble qu’au moment des faits, ses proches étaient sur le point de découvrir la vérité à son sujet, sa femme ne comprenant pas qu’elle ne puisse pas l’appeler directement dans son bureau de l’OMS, et un ami ayant découvert que son nom ne figurait pas sur la liste des fonctionnaires de l’organisation. De plus, ses ressources se sont progressivement épuisées et son ancienne maîtresse, Chantal, dentiste divorcée qui a vendu son cabinet et lui a confié 900 000 francs français, réclame son argent. Acculé, pris à son propre piège, il ne trouve pour seule échappatoire que l’assassinat.

Jean-Claude Romand est aussi le seul témoin de la mort de son beau-père, Pierre Crolet, le 23 octobre 1988. Pierre Crolet fait une chute mortelle dans l’escalier de sa maison, quelques jours après avoir demandé le remboursement d’une partie de son placement financier. La justice s’en tenant à la thèse de l’accident, Romand n’est pas poursuivi.

Procès et condamnation

Jean-Claude Romand est condamné le 2 juillet 1996 à la réclusion criminelle à perpétuité assorti d’une période de sûreté de vingt-deux ans. Il purge sa peine à la maison centrale de Saint-Maur, dans la banlieue de Châteauroux (Indre). En détention, il soigne ses codétenus et restaure des documents pour l’Institut national de l’audiovisuel.

Libération

 

Libérable depuis janvier 2015 et après vingt-cinq ans de prison, il demande sa remise en liberté conditionnelle en septembre 2018. Cette première demande de remise en liberté est rejetée en février 2019 car « les éléments du projet présenté et de sa personnalité ne permettent pas d’assurer un juste équilibre entre le respect des intérêts de la société, des droits des victimes et de la réinsertion du condamné ». Finalement, le 25 avril 2019, la Cour d’appel de Bourges a accepté la mise en liberté conditionnelle de Jean-Claude Romand, qui a lieu le 28 juin 2019.

Selon plusieurs visiteurs de prison catholiques, Jean-Claude Romand y aurait vécu une conversion religieuse. Le 25 avril 2019, après 26 ans de détention, il obtient une liberté conditionnelle et est libérable avant le 28 juin sous surveillance, avec obligation du port du bracelet électronique durant deux ans. Il a également l’interdiction de s’exprimer sur ses crimes. Une décision qui révolte son ancien beau-frère, Emmanuel Crolet :

« Je suis abattu, aigri et en colère contre Jean-Claude Romand qui n’assume pas ses responsabilités. Pour lui c’est gagné, il n’aura jamais à s’expliquer pour ce geste ».

Cette libération est aussi soumise pour une durée de dix ans à des mesures « d’assistance et de contrôle  », selon le communiqué de Marie-Christine Tarrare, procureur général de Bourges. Il devra à l’issue de la période probatoire s’établir «  en un lieu autorisé par l’autorité judiciaire  », s’abstenir d’entrer en relation avec les victimes et les parties civiles et aura interdiction de se rendre dans les régions Île-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes.

 

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