La presse l’avait surnommé le « Jack l’éventreur français » et aussi « le tueur de bergères » on pense qu’en trois ans, il a égorgé au moins 20 femmes et enfants des deux sexes, avant de les mutiler et de les violer. Il a été guillotiné le 31 décembre 1898, à Bourg-en-Bresse.
L’enfance d’un assassin
Joseph vacher avait vu le jour le 16 novembre 1869 à Beaufort, en Isère, dans une famille de paysans. Avant dernier enfant d’une fratrie de 15, Joseph grandit dans un milieu familial particulier. Son père est très sévère. Il souffre régulièrement de crise délirante au point qu’on a dû le ligoter une fois sur son lit durant deux mois. Sa mère a des bouffées délirantes mystiques au cours desquels elle voit des apparitions divines. L’une de ses sœurs est maniacodépressive. Une autre est morte folle dans un asile d’aliénés.
À l’âge de cinq ans, le jeune Joseph se fait lécher le visage par un chiot. Peu de temps après, l’animal est abattu car on pense qu’il a la rage. À l’époque, le vaccin de Pasteur n’existe pas encore, et ses parents le forcent a ingurgiter une mixture préparée par un sorcier du village !
Selon Joseph, ce breuvage serait à l’origine de son comportement de bêtes enragées. Il affirmera, au cours de son procès :
« On m’a alors empoisonné le sang. C’est ma première irresponsabilité, la raison de tout. »
Peu de temps après cet épisode, le petit Joseph a contracté la fièvre typhoïde. Les médecins de l’époque pensaient que ceux qui survivaient à cette maladie en gardaient de graves séquelles physiques et mentales.
À la mort de sa mère en 1883, Joseph vacher devient ouvrier agricole. Il a 14 ans. Ses sœurs lui trouvent une place de valet chez les frères maristes. Il y restera quatre ans avant d’être renvoyé après avoir été surpris alors qu’il initiait ses camarades à la masturbation.
Joseph est alors recueilli par une de ses sœurs qui se prostitue à Grenoble. Elle l’accueille dans le quartier « réservé » de la ville où le jeune homme goûte à loisir aux charmes des amies et des collègues de sa sœur. Mais il contracte une maladie vénérienne qu’on ne peut soigner qu’en lui ôtant une partie d’un testicule. Cette opération castratrice a certainement joué un rôle dans le rituel morbide qui va accompagner par la suite les meurtres du tueur en série.
Une vie d’échec
La vie de Joseph commence à basculer peu après son départ de Grenoble l’homme est instable. Il n’a pas d’amis, sa famille le craint, et quand il lui arrive de trouver un boulot ce n’est jamais pour longtemps. Ces patrons ne le gardent pas car Joseph les effraies avec son comportement agressif et ses divagations mystiques.
Le jour de son 21e anniversaire, vacher est incorporé dans l’armée pour effectuer son service militaire. Son comportement d’illuminés et son respect exagéré du règlement provoque moquerie et bizutage de la part de ses camarades. Ces instructeurs lui reconnaissent un bon niveau théorique mais il considère qu’il est incapable de diriger des hommes. Il restera donc simple soldat. En apprenant la nouvelle, Joseph fait sa première tentative de suicide. Le colonel du régiment qui vient le voir à l’infirmerie, touché par la détresse du jeune homme, revient sur la décision et lui donne ses galons de caporal et plus tard de sergent.
Il devient intransigeant, voir violent, avec les soldats qui sont sous ses ordres.
Le sergent Joseph vacher est tombé fou amoureux d’une jeune bonne plutôt délurée, Louise, âgé comme lui de 23 ans. Or, Louise en aime un autre, mais elle se régale d’avoir à sa botte un soupirant aussi naïf que Joseph. Loin d’être découragé par les multiples refus de la belle, Joseph décide, de se jeter à l’eau :
« Louise, veux-tu m’épouser ? »
Louise éclate de rire !
Fou de rage, Joseph s’en va tristement. Mais, le soir même, il revient à la charge, et tente une nouvelle fois sa chance. Nouvelle déclaration. Nouvelles éclats de rire ! Cette fois, il a compris : c’est encore l’échec. Alors, Joseph sort de sa poche un revolver, il tire quatre balles sur son amoureuse, avant de retourner le canon vers sa tête et de faire feu à deux reprises.
L’histoire aurait pu s’arrêter là si Joseph avait été bon tireur. Mais ça n’est pas le cas ! Aucune des balles ne s’avère mortel. Ils sont blessés, mais vivant tous les deux.
L’une des balles est extraite sans problème du crâne du tireur. Pour la seconde, l’opération serait trop dangereuse. Elle restera donc en place. Les conséquences de ses blessures sont terribles pour le jeune Joseph : le côté droit de son visage est paralysé. Son œil droit, toujours injectés de sang, est plus gros que le gauche. Son oreille suppure et sa bouche se tort quand il parle.
À sa sortie de l’hôpital, le 16 juin 1893, Joseph vacher est inculpé de la tentative d’assassinat mais il est interné tout de suite à l’asile, où le Docteur Guillemin doit se prononcer sur son état mental et sur sa responsabilité pénale. Le 12 septembre 1893, le Docteur Guillemin conclut :
« le sieur vacher Joseph est atteint d’aliénation mentale, caractérisé par le délire de persécution ».
Le juge d’instruction prend aussitôt une ordonnance de non-lieu. Le 21 septembre, Vacher est transféré à l’asile de Saint-Robert, dans l’Isère. Son état semble s’améliorer au fil des semaines. Si bien que, sept mois plus tard, le 1er avril 1894, le docteur Dufour le déclare guéri !
Joseph vacher salue poliment ses infirmiers et ses médecins. Les portes de l’asile se referment derrière lui.
La bête est en liberté !
A suivre…
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