Kristen Stewart s’en prend à l’industrie du dollar et son obsession pour les chiffres du box-office.
Le monde du cinéma est en constante mutation. Les plateformes de streaming et leur algorithme surpuissant sont venus secouer une industrie où les gros sous et la compétitivité ont toujours été omniprésents. Les plus gros succès du box-office ne sont quasiment plus que des franchises aux budgets extravagants. De grands noms comme Martin Scorsese et James Gray ont subi des flops et déplore l’obsession des studios pour les chiffres que rapportent leurs films, au détriment de l’intérêt artistique des projets.
Pendant le festival de Berlin 2023, le sujet de l’éternel conflit entre finances et création est revenu au centre des débats. Le réalisateur Radu Jude, membre du jury, a ouvert le bal en faisant référence au film d’avant-garde d’Isidore Isou, Traité de bave et d’éternité (1951) dont le crédo «le cinéma est l’industrie de l’argent et de la bêtise» risque de provoquer des débats. C’est Kristen Stewart, présidente du jury de l’édition, qui s’est ensuite exprimée sur le sujet en n’hésitant pas à critiquer l’état d’esprit des décisionnaires d’Hollywood.
L’actrice n’a pas hésité à qualifier de «bêtes et embarrassants» les penchants pécuniers du milieu. Elle a ensuite enchainé en précisant le fond de sa pensée.
«Avec la manière dont on fait les films, les consomment et combien ils nous coûtent, nous nous destinons à sombrer. (…) Il y a un besoin vital et urgent en chacun de nous de créer quelque chose, et nous continuerons toujours d’apprécier le travail des autres (…). Il est facile de croire que toute l’industrie va s’effondrer. Mais je pense qu’il y a quelque chose de vital et d’irrépressible qui ne disparaîtra jamais (…) C’est une chance tellement rare que de parler des choses qui nous passionnent, dans mon cas les films, sans devoir en faire un ou en faire la promotion»
L’actrice exprime donc son désarroi face au cynisme de l’époque et la manière dont les projets sont lancés. La question des tensions entre créatifs et financiers ne date pas d’hier. À une époque où les budgets des blockbusters explosent et où les plus gros succès ne sont que franchises, suites et reboots de vieux noms déjà présents dans la culture pop, il est légitime de se demander quelle place reste-t-il pour des oeuvres plus exigeantes ou des budgets plus modestes.
On a pu voir d’immenses réalisateurs comme Georges Miller (Trois mille ans à t’attendre), Guillermo del Torro (Nightmare Alley) ou même Steven Spielberg (West Side Story) se heurter à la mutation du milieu. Alors que leurs noms sont établis, ils peinent malgré tout à rassembler les gens en salles, alors même que des suites et reboots de leurs propres classiques cartonnent au box-office (Jurassic World : Le Monde d’après). Mais de la même manière, des surprises arrivent constamment comme Everything Everywhere All at Once et ses dix nominations aux oscars. C’est la magie du cinéma.
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Logique commerciale contre logique artistique. Le débat est vieux comme le cinéma. Il y aura peut-être un retour des spectateurs un jour vers des films plus intimistes. J’aime à le croire en tout cas.