25 ans de prison pour l’étudiant qui a tué un sans-abris « pour voir ce que ça faisait »

Condamné à 25 ans de prison par la cour d’assises de Savoie pour l’assassinat d’un SDF à Chambéry, et une tentative d’assassinat à Thonons-les-Bains en 2015, Adrien Bottollier, 24 ans, dit avoir tué « pour voir ce que ça faisait ». L’étudiant en psychologie présente un profil « extrêmement dangereux« .

Le 21 mai 2015, Mostapha Hamadou mourrait sous 28 coups de couteau portés par Adrien Bottollier, au parc du Verney à Chambéry. Il avait 51 ans, et était sans-abris. Son tueur était un étudiant en psychologie, au tout début de sa vingtaine. Il voulait tuer, « pour voir ce que ça faisait », avait-t-il déclaré aux policiers lors de son arrestation.

 

25 ans de prison et obligation de soins

Adrien Bottollier, jeune homme de bonne famille, décrit comme discret et froid, a été condamné à 25 ans de prison le jeudi 30 janvier, par la cour d’assises de Savoie, à Chambéry. Il a également une obligation de soins pour une durée de 15 ans.

Symbole fort : après le verdict, les sœurs de Mostapha Hamadou ont enlacé le père et la tante du meurtrier, rapporte Le Parisien : « On leur souhaite du courage. Ils souffrent. Comme nous on souffre pour notre frère », a déclaré Fatia Hamadou au quotidien.

 

Jugé pour assassinat et tentative d’assassinat

Le jeune homme, désormais âgé de 24 ans, était également inculpé pour tentative d’assassinat. En décembre 2015, soit huit mois après l’assassinat de Mostapha Hamadou, il avait essayé de tuer une autre personne à l’arme blanche, à Thonons-les-Bains (Haute-Savoie).

S’il a reconnu le premier meurtre, Adrien Bottollier a nié la tentative d’assassinat. La victime était cette fois un homme rencontré pendant une soirée, que l’étudiant avait invité chez lui, rapporte Le Parisien. Il s’était vanté auprès de lui d’avoir tué un homme à Chambéry. Lorsqu’il avait voulu s’enfuir, il lui avait porté deux coups de couteau, retrace l’AFP. L’homme en était sorti grièvement blessé, mais avait survécu.

C’est son arrestation pour cette tentative d’assassinat qui a permis à la police de faire le lien avec le meurtre de Mostapha Hamadou, qui était resté non-résolu.

Dès le premier jour d’audience, Adrien Bottollier raconte que le 21 mai 2015 au soir, il est pris de « pulsions » :

« Mes pulsions montaient depuis plusieurs jours et je n’arrivais pas à les contrôler« ,

a-t-il déclaré à la cour, dans des propos relatés par France 3 Auvergne Rhône-Alpes.

Le jeune homme s’est emparé d’un couteau de cuisine et a quitté son appartement. Au tribunal, il explique être sorti car il ne pouvait pas s’isoler pour se scarifier, alors que sa petite-amie d’alors dormait. Celle-ci dit avoir entendu la porte d’entrée se refermer derrière lui.

L’étudiant a ensuite erré dans le centre-ville de Chambéry, à la recherche d’une victime. C’est ainsi qu’il croise Mustapha Hamadou, qui lui demande une cigarette et le chemin jusqu’à la gare. Très vite, Adrien Bottollier sent qu’il a trouvé la victime « idéale » : l’homme de 51 ans est sans-abris, alcoolisé, et confirme à l’étudiant qu’il n’a ni femme ni enfants. Il lui assène un premier coup à l’œil gauche, pensant qu’il l’achèverait instantanément en atteignant le cerveau. Finalement, il le lézarde de 28 coups de couteau, et affirme ne pas s’en souvenir. Ce dont les experts doutent.

Après le meurtre, Adrien Bottollier s’est mis en route vers chez lui :

« Je me suis retrouvé près de chez moi, en train de rire comme un fou. J’avais du sang sur les mains, les manches. Je me suis mis à vomir », cite le Parisien.

Ensuite, il a eu un rapport sexuel avec sa petite-amie.

« Je me suis coupé de toutes mes émotions, pour que personne ne se rende compte de rien, a-t-il expliqué lors du procès. Alors que j’avais l’impression d’avoir sur moi un panneau clignotant sur lequel était écrit ‘assassin' ».

 

Il s’en vantait auprès d’une amie

La préméditation a été retenue contre le jeune prévenu, car quelques minutes avant le meurtre, il avait confié sur Facebook, à une amie habitant au Canada :

« J’ai enfin trouvé le crime parfait« .

Plusieurs jours auparavant, il évoquait déjà avec elle la perspective de rester « dans les mémoires » comme « un tueur en série« , relate le président Yves Le Bideau.

À cette même amie, Adrien Bottollier envoie sur Snapchat une photo d’un couteau ensanglanté après le meurtre, et lui dit :

« Pour la première fois, mes délires meurtriers ne sont pas des délires. Tu me crois si je te dis que j’ai tué cette nuit ? ». « Je ne me suis jamais senti aussi vivant, mais si tu as l’occasion mets-moi en prison« , ajoute-t-il.

 

Elle ne le croit pas, pense à une blague, mais il lui promet de « recommencer […] pour [lui] prouver [sa] sincérité ». Trois mois plus tard, il lui dit encore :

« Je crois que je deviens fou. Je ne sais plus quoi faire, j’ai peur de moi-même ».

 

Un profil « extrêmement dangereux »

Adrien Bottolier est donc considéré par les experts comme « responsable de ses actes ». S’ils ne le diagnostiquent pas comme fou, ils décèlent des troubles de la personnalité.

« Il peut avoir des pulsions meurtrières et une capacité de passer à l’acte, avec une grande froideur, sans éprouver d’empathie, d’émotion », explique au tribunal le docteur Blachère.

 

La conclusion des experts est claire :

« Adrien Bottollier est extrêmement dangereux. »

 

Devant la justice, le jeune homme a exprimé des regrets :

« On dit que je suis d’une grande froideur. Mais c’est le seul moyen de vivre avec ce que j’ai fait. Je suis obligé de mettre une distance, parce que ça m’est insupportable. »

 

À l’adolescence, une polyarthrite grave se déclare chez Adrien Bottollier. Une condition physique éprouvante qui l’amène à se scarifier, pour « garder le contrôle » sur son corps, rapporte France 3 Auvergne Rhône-Alpes.

« Il a vu des psychologues et on ne nous a jamais dit que c’était bien grave« , déclare sa mère, Carine Bottollier, qui se dit « anéantie« .

Mais Adrien Bottollier est aussi violent envers les autres. Le procès révèle qu’il a étranglé son ex-petite-amie lorsqu’elle lui a annoncé être enceinte et vouloir avorter.

« […] À force de se faire mal, un jour, il a reproduit ça sur quelqu’un d’autre », défend sa mère.

Si celle-ci affirme : « Je l’attends et je vais l’aider« , son père a déclaré au tribunal avoir « fait une croix sur lui« .

 

 

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