Jack l’éventreur, ses victimes : Mary Ann Nichols

Mary Ann Nichols, née Walker (26 août 1845-31 août 1888), dite Polly. Née et morte à Londres.

Première des cinq victimes, généralement reconnues de Jack l’Éventreur.

43 ans, 1,58 m, les yeux marrons, le teint hâlé, chevelure brune grisonnante, pommettes saillantes, légère cicatrice sur le front depuis son enfance. Il lui manque cinq dents (dont la perte est ancienne).

La nuit du meurtre, du jeudi 30 au vendredi 31 août 1888, les docks sont ravagés par deux incendies qui projettent des lueurs au loin. L’un des incendies a pris vers 20h30 dans l’entrepôt de la cale sèche de Shadwell, au sud de Whitechapel et attire les curieux, dont Emily Holland, l’ancienne camarade de chambrée de Polly Nichols. Le feu est maîtrisé à partir de 23h.

23h – Polly Nichols déambule dans Whitechapel Road, cherchant probablement le client.

0h30 – Des témoins la voient sortir d’un pub, le Frying Pan, à l’angle de Brick Lane et de Thrawl street. Elle retourne à la maison Wilmott du 18, Thrawl Street, où elle partageait une chambre au début du mois.

Vers 1h20-1h40 – L’un des responsables la surprend dans la cuisine, et la refoule de l’établissement parce qu’elle n’a pas de quoi payer. Elle lui demande de lui réserver un lit, le temps pour elle de réunir la somme. Avant de le quitter, elle lui fait remarquer en riant son nouveau petit bonnet noir, disant : « Je serai bientôt de retour avec l’argent. » D’après le témoignage du logeur, elle est ivre.

2h30 – Revenant par Osborn Street, elle rencontre Emily Holland à l’angle de Whitechapel Road, devant la boutique d’un épicier. Celle-ci revient des docks où elle est allée voir l’incendie qui ravage les entrepôts de Shadwell, et rentre se coucher. D’après elle, Polly Nichols marche en titubant, et se retient au mur pour ne pas tomber. Elle cherche à la persuader de rentrer avec elle à la pension Wilmott. Elle croit pouvoir la faire admettre à l’intérieur. Pendant qu’elles parlent, l’horloge de l’église St. Mary sonne 2h30, et Emily Holland lui fait remarquer l’heure tardive. Polly Nichols lui explique qu’elle a déjà gagné et dépensé trois fois le prix de la chambre, et qu’elle a bon espoir de trouver un dernier client. En cas d’échec, elle compte se replier à Flower and Dean Street où elle connaît un homme qui peut l’accueillir dans sa chambre. « Je ne serai pas longue », dit-elle. Après avoir discuté environ sept ou huit minutes, les deux femmes se séparent. Polly Nichols remonte Whitechapel Road en direction de l’est.

Emily Holland est la dernière personne à l’avoir vue vivante.

Si Whitechapel Road forme une large avenue plutôt animée, et très fréquentée par les prostituées (selon les témoignages de l’agent Neil et de l’ouvrier Tomkins), les ruelles Buck’s Row et Winthrop Street sont généralement calmes, quoique mal fréquentées de temps en temps par des gens de passage qui y font du tapage (selon le témoignage d’Emma Green). L’endroit est même réputé dangereux (d’après Robert Paul, qui signale qu’on peut y faire de mauvaises rencontres et se faire agresser). Les prostituées ont pour habitude de s’y retrancher avec leur clientèle (d’après le rapport de l’inspecteur Abberline). Mais cette nuit-là, les lieux sont exceptionnellement déserts et silencieux.

3h45 L’agent de police John Neil, poursuivant sa ronde, est de retour dans Buck’s Row qu’il traverse en venant de Bakers Row. Après avoir franchi le pont, il découvre le corps de Polly Nichols (à 3h45 selon sa déposition). Éclairant la scène avec sa lampe, il s’aperçoit qu’elle a la gorge tranchée, et qu’une flaque de sang s’étend sur le pavé.

Vers 3h50-4h – Le Dr Llewellyn, constate le décès de Polly Nichols, et estime, après un bref examen, que la mort remonte à moins d’une demi-heure. Soit vers 3h30.

Vers 4h : Pendant que le chirurgien examine le corps, un inconnu est aperçu dans Buck’s Row avant de disparaître. Il ne sera jamais identifié malgré d’actives recherches.

5h20 – Spratling s’aperçoit que la victime a aussi été éventrée et que les intestins sont à nu. En revanche, les vêtements sont intacts. Il envoie chercher le Dr Llewellyn.

Vers 5h30 – Arrivée du Dr Llewellyn à la morgue. Il découvre les blessures à l’abdomen, dont la gravité exceptionnelle le surprend. D’après ses constatations, la langue est légèrement lacérée, l’abdomen ouvert par une blessure irrégulière et profonde. Le visage porte une ecchymose à la mâchoire inférieure au côté droit, causée peut-être par la pression d’un pouce. Une autre ecchymose entoure l’œil gauche, due sans doute à la pression des doigts de l’assassin. L’incision portée au cou, à l’aide d’une longue lame, atteint les vertèbres, et a dû nécessiter une grande violence. Le tueur a porté ses coups de gauche à droite, signe qu’il est peut-être gaucher. Un seul instrument a été utilisé pour l’ensemble des blessures. La mort a été quasi instantanée.

L’hypothèse retenue de nos jours est que le tueur a d’abord étranglé sa victime. Une fois celle-ci à terre, il a maintenu son visage à l’aide de la main gauche pour pratiquer des incisions de la main droite.

11h30 – Le journaliste du Star rédige son article pour l’édition du soir.

Emily Holland identifie sa camarade, et fond en larmes. Elle ne connaît que son nom de Polly.

Vers 19h30, l’une des habitantes du Lambeth Workhouse, Mary Ann Monk, identifie formellement Mary Ann Nichols dite Polly.

Le lendemain, samedi 1er septembre, la famille est prévenue. Edward Walker, son père, et Edward John Nichols, son fils aîné, arrivent les premiers à la morgue dans la soirée. Le fils aîné, jeune ingénieur de 22 ans, bien habillé, est affecté par la mort de sa mère. Une heure plus tard, ils sont rejoints par le mari, William Nichols, également affecté, qui reconnaît à son tour le corps de sa femme. Toute la scène se déroule en présence des journalistes qui en publient de nombreux compte-rendus très romancés et à charge pour le mari, lequel fera paraître plus tard un rectificatif dans la presse.

Mary Ann Nichols est inhumée le 6 septembre 1888 au Cimetière d’Ilford, aux confins de la ville, en présence de son père, de son fils aîné et de deux autres de ses enfants. La famille tente de déjouer les badauds en tenant l’heure de l’enterrement secrète, mais ne peut empêcher une foule considérable de se joindre au cortège. Des milliers de badauds se rassemblent aux alentours de la morgue, Old Montague Street, pour guetter l’arrivée du corbillard. Au moment où l’on transfère la dépouille, les journalistes aperçoivent un cercueil en orme frappé d’une plaque au nom de la défunte. Se mettant en route, le convoi funèbre passe par Bakers Row, puis traverse Buck’s Row, dont les habitants ont fermé leurs volets en signe de deuil. De nombreux policiers jalonnent cette rue où Polly Nichols a été assassinée. Puis le cortège, suivi de l’immense foule, traverse tout l’est de Londres jusqu’à Ilford.

Une plaque commémorative est apposée plus d’un siècle plus tard sur sa tombe, en 1996.

3 commentaires sur « Jack l’éventreur, ses victimes : Mary Ann Nichols »

  1. Bonjour Ludiwine
    Je découvre ton blog et sa diversité dans les articles.
    Bravo. C’est très intéressant et bien mené.
    Bonne journée à toi 🙂

Laisser un commentaire