Affaire criminelle : François Vérove dit « Le grêlé » (Maj 18/03/24)

Résumé de l’histoire :

François Vérove, né en 1962 à Gravelines et mort le 29 septembre 2021 au Grau-du-Roi, est identifié post-mortem comme le violeur et tueur en série français dit le « tueur au visage grêlé » ou plus simplement « le Grêlé ».

Actif durant les années 1980 et 1990 en région parisienne, il intègre de 1983 à 1988 la Gendarmerie nationale comme motard de la Garde républicaine. Il poursuit ensuite sa carrière comme policier au sein de la Police nationale, notamment à la préfecture de police de Paris, avant d’être retraité et de connaître une brève période d’élu local à Prades-le-Lez.

Il échappe aux autorités pendant près de 35 ans, bien que les enquêteurs disposent de ses empreintes digitales et, à partir de 2001, de son profil génétique.

Le tueur est surnommé le « Grêlé » par la police et les médias en raison d’une peau marquée par des cicatrices de boutons selon des témoins, stigmates qui s’atténuent au fil des années.

Le « Grêlé » possède un profil criminel atypique qui intrigue longtemps la police judiciaire. D’abord tueur et violeur d’enfants avec le meurtre de Cécile Bloch en 1986, il tue ensuite deux adultes dans le 4e arrondissement de Paris en 1987 (Affaire Politi-Müller) puis disparaît pendant plusieurs années.

La police établit plus tard son implication dans un enlèvement et viol d’enfant initié en 1994 à Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, avant de perdre définitivement sa trace. À plusieurs reprises au cours de son parcours criminel, il présente une carte de police à ses victimes afin de tromper leur vigilance.

Ce n’est qu’en 2021 que la police judiciaire remonte finalement à lui en décidant d’interroger près de 750 gendarmes ayant opéré en région parisienne au moment des faits, dont François Vérove.

Comprenant qu’il est sur le point d’être démasqué, celui-ci se suicide le 29 septembre 2021 au Grau-du-Roi dans le Gard, après avoir confessé ses crimes dans une lettre.

 

Sa Jeunesse :

François Vérove naît en 1962 à Gravelines dans le Nord. Enfant unique, il grandit à Marcq-en-Barœul, élevé par son père. En 1977, il est en 4ème 1 au collège Pierre et Marie Curie de Gravelines.

François Vérove se marie en 1983 dans le Nord.

 

Formation et carrière :

En 1983, François Vérove intègre l’escadron motocycliste de la Garde républicaine qu’il quitte en 1988 pour rejoindre la Police nationale à la préfecture de police de Paris. De 1994 à 1999, il travaille comme policier motocycliste dans les Hauts-de-Seine où il est délégué syndical. Parfois surnommé « Fernandel », il intègre ensuite la brigade motocycliste urbaine de la police (Formation Motocycliste Urbaine Départementale) dans les Bouches-du-Rhône, avant de devenir chef de la brigade des mineurs de Montpellier. François Vérove s’installe dans le sud de la France, d’abord à Port-Saint-Louis (Bouches-du-Rhône), puis à Prades-le-Lez (Hérault) et enfin réside avec sa famille dans le quartier du Goéland à La Grande-Motte (Hérault). Là-bas, policier puis retraité, il mène la vie d’un citoyen modèle, mari, père et grand-père au-dessus de tout soupçon. En 2011, il est victime d’un accident de moto.

Retraité de la police, marié et père de deux enfants, il est conseiller municipal de la commune de Prades-le-Lez de 2019 à 2020.

Denis Jacob, fondateur du syndicat Alternative Police et ancien membre du syndicat Alliance Police nationale, en charge du département des Hauts-de-Seine entre 1995 et 1999, a côtoyé pendant quatre ans François Vérove. Celui-ci était en effet délégué pour les motards de la police nationale à la même époque. Il le décrit comme « un monsieur tout le monde », d’une « gentillesse absolue », toujours « prêt à servir » et à se rendre disponible pour leur activité syndicale. Néanmoins, il le dépeint aussi comme un individu capable de « s’énerver facilement ». Dépressif, sous traitement médicamenteux, François Vérove aurait connu à cette époque d’importantes souffrances psychologiques et se serait arrêté de nombreux mois en maladie.

 

Parcours criminel :

Affaires judiciaires

Après trente-cinq ans d’enquête, « le Grêlé », surnom dont fut affublé le tueur dont le portrait-robot montrait des cicatrices d’acné, est alors identifié, soupçonné de six viols et quatre assassinats entre 1983 et 1994. Des traces d’ADN avaient pu être extraites en 2001 d’un mégot de cigarette et de l’extrémité d’un tampon hygiénique, indices prélevés quatorze ans auparavant sur la scène du double meurtre, celui d’Irmgard Müller et Gilles Politi.

 

Piste d’un individu issu des forces de l’ordre

L’enquête de la brigade criminelle, reprise ensuite au sein de cette brigade par l’unité d’analyse criminelle et des affaires classées, s’était orientée vers un criminel issu des forces de l’ordre en activité à l’époque des faits à cause de plusieurs éléments qui s’accumulaient pourtant depuis des décennies : utilisation à plusieurs reprises d’une carte professionnelle de policier ou de gendarme sur laquelle figurait la mention « sous officier » (utilisation lors de laquelle il avait même donné son véritable prénom lors d’une fête dans les années 1980), d’un talkie-walkie, de menottes professionnelles, maîtrise du jargon policier (corroboré par plusieurs témoins), soupçon de connaissance précise des procédures et manières d’opérer des enquêteurs par sa capacité à échapper à une enquête très serrée. Dans l’affaire du double meurtre du Marais en 1987 (Affaire Politi-Müller), il avait probablement donné à Irmgard Müller une fausse identité, Elie Lauringe, avec une fausse adresse dans le 13e arrondissement de Paris qui correspondait à un ancien local de la police. En outre, la dernière affaire imputée au « Grêlé » avait eu lieu à Saclay près d’un centre d’entraînement de la gendarmerie.

 

Crimes connus :

 

  • Viol et tentative de meurtre de Sarah A., âgée de 6 ans, dans le 13e arrondissement de Paris, en avril 1986.
  • Viol et meurtre de Cécile Bloch, âgée de 11 ans, dans le 19e arrondissement de Paris, en mai 1986.
  • Double meurtre d’Irmgard Müller, jeune fille au pair allemande alors âgée de 20 ans, dont il aurait été brièvement l’amant, et de l’employeur de celle-ci, Gilles Politi, 38 ans, mécanicien chez Air France, dans un appartement du 4e arrondissement de Paris, dans le Marais, en avril 1987
  • Viol de Marianne N., 14 ans, dans le 14e arrondissement de Paris, en octobre 1987.
  • Enlèvement suivi du viol d’Ingrid G., 11 ans, initié à Mitry-Mory (Seine-et-Marne) en juin 1994.

 

Il est suspecté d’être l’auteur d’autres agressions et crimes. Il pourrait être notamment impliqué dans les meurtres de :

  • Sophie Narme, 23 ans, stagiaire au sein d’une agence immobilière et tuée dans un appartement qu’elle faisait visiter dans le 19e arrondissement de Paris, en 1991 ;
  • Karine Leroy, 19 ans, disparue à Meaux (Seine-et-Marne) le 9 juin 1994 et dont le corps fut retrouvé dans une forêt de la région un mois plus tard.

 

Mort et identification :

 

La commune du Grau-du-Roi, dans le département du Gard, où s’est suicidé François Vérove le 29 septembre 2021.

En 2021, la nouvelle juge d’instruction sur ce dossier depuis décembre 2014, Nathalie Turquey, avait demandé la convocation de 750 gendarmes présents en Île-de-France à l’époque des faits dont François Vérove.

Il se suicide avec un mélange d’alcool et de barbituriques dans un appartement loué pour quelques jours au Grau-du-Roi dans le Gard le 29 septembre 2021, après une convocation reçue par téléphone le 24 septembre 2021. Cet appel, passé par une policière de la DTPJ (direction territoriale de la police judiciaire) de Montpellier, lui adressait une convocation pour le 6 octobre 2021, pour être auditionné dans le cadre d’une vieille affaire criminelle des années 1980, à l’époque où il exerçait à Paris, sans lui donner plus de précisions outre qu’à l’issue de l’interrogatoire son ADN serait prélevé.

Dans une lettre laissée dans l’appartement, il reconnaît « être un grand criminel qui a commis des faits impardonnables jusqu’à la fin des années 1990 ». Cette lettre est adressée à sa femme, à laquelle il confie : « Tu avais décelé des choses chez moi quand j’étais plus jeune. […] J’ai fait du mal à des gens, j’ai tué des innocents. Je pense à vous [sa compagne et ses enfants], et aux familles des victimes ». Il ne donne le nom d’aucune de ses victimes et ne détaille pas les circonstances de ses exactions. Il affirme avoir agi sous le coup de « pulsions », les expliquant par une enfance difficile ; il affirme que celles-ci auraient été apaisées par son mariage et la naissance de ses enfants et qu’il se serait alors « pris en main » et n’aurait « rien fait depuis 1997 », sous-entendant ainsi l’existence de crimes autres que ceux connus par la police, qui ne lui attribue des actes criminels avec certitude que jusqu’en 1994.

 

Dernière mise à jour 18 mars 2024 :

François Vérove, violeur et tueur en série connu sous le nom du « Grêlé », a été candidat à « Tout le monde veut prendre sa place », en 2019.

 

« Vous fûtes policier, vous ne l’êtes plus ! » Nous sommes en 2019, sur le plateau de « Tout le monde veut prendre sa place », le jeu phare de France 2. Comme il l’a fait pendant quinze ans à midi, Nagui échange quelques mots avec François, l’un des candidats du jour. « Je suis passé à autre chose », lui répond cet homme à la barbe grisonnante.

Cet extrait de l’émission de France 2, retrouvé par Jean Arca, journaliste à Marianne, à la suite des révélations de Patricia Tourancheau dans son livre Le Grêlé : Le tueur était un flic, interroge. Comment un homme au passé si lourd peut-il se pointer à la télévision, pour participer à un jeu ?

C’est Monsieur Tout-le-Monde. Il se comporte comme un mec normal, qui va jouer à un jeu populaire à la télévision. Mais quand on sait ce qu’il a commis, comme crimes horribles, et qu’il est recherché depuis trente-trois ans à ce moment-là… On se pose vraiment des questions.

« son visage, sa corpulence… Il avait vraiment changé depuis 1986 ou 1987 ». Il n’était plus « le Grêlé », le surnom qu’on lui a donné, après qu’un proche d’une victime a décrit sa peau comme granuleuse. « Il était certain de ne pas pouvoir être reconnu », assure l’auteure de Le Grêlé : Le tueur était un flic.

 

 

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