Calendrier de l’avent des contes de Noël #4 : Raiponce

 

Raiponce est un conte écrit par les frères Grimm et figure dans leur recueil Contes de l’enfance et du foyer écrit en 1812.

 

Il était une fois un mari et sa femme qui désirait depuis longtemps avoir un enfant, quand enfin le Bon Dieu avait entendu leur prière et avait accompli leur vœu le plus cher.

Depuis leur maison il pouvait voir un magnifique jardin où poussaient les plantes et les fleurs les plus belles ; mais il était entouré d’un haut mur, et personne n’osait s’y aventurer car il appartenait à une sorcière que tout le monde craignait. Un jour la femme se tenait à sa fenêtre et admirait le jardin, elle vit de superbes raiponces avec des rosettes de feuilles si vertes et si luisantes, si fraîches et si appétissantes, que l’eau lui en vint à la bouche. Cette envie grandissait de jour en jour ; mais comme elle savait aussi qu’elle ne pouvait pas en avoir, elle se rendit malade et commença à dépérir chaque jour un peu plus. En la voyant dans un tel état, son mari s’inquiéta et lui demanda : « Mais que t’arrive-t-il donc?
– Ah ! Je vais mourir si je ne peux pas manger de raiponce ! »
Le mari aimait sa femme et était prêt à tout pour son bonheur. Au crépuscule, il escalada le mur du jardin de la sorcière, et prit une pleine main de raiponces qu’il rapporta à son épouse. La femme s’en prépara immédiatement une salade, qu’elle mangea sans attendre. Mais c’était si bon et cela lui avait tellement plu que son envie avait triplé. Et pour la calmer, son mari retournât encore une fois dans le jardin. Il fit donc comme la veille, mais quand il sauta dans le jardin, il se figea d’effroi car il était nez à nez avec la sorcière !

– Tu devrais avoir honte de t’introduire dans mon jardin comme un voleur, lui dit-elle, et de venir me voler mes raiponces ! Tu vas voir ce qu’il va t’en coûter !
– Par pitié, ne voulez-vous pas user de clémence et préférer miséricorde à justice ? Si je me suis décidé à le faire, c’est que ma femme a vu vos raiponces par notre petite fenêtre, et elle a été prise d’une telle envie d’en manger qu’elle serait morte si elle n’en avait pas eu.
La sorcière fit taire sa fureur et lui dit : « Si ce que tu racontes est exact, je veux bien te permettre d’emporter autant de raiponces que tu voudras, mais à une condition : c’est que tu me donnes l’enfant que ta femme va mettre au monde. »
Le mari paniqué, accepta sans discuter. Quelques semaines plus tard, quand sa femme accoucha, la sorcière arriva aussitôt, donna à l’enfant le nom de Raiponce et l’emporta avec elle.

Raiponce était la plus belle fille de tout le royaume et lorsqu’elle eut douze ans, la sorcière l’enferma dans une haute tour sans escalier ni porte, au milieu d’une forêt. Et comme la tour n’avait pas d’autre ouverture qu’une minuscule fenêtre tout en haut, quand la sorcière voulait y entrer, elle appelait sous la fenêtre:

« Raiponce, Raiponce,
Descends-moi tes longs cheveux. »

Raiponce avait de longs et merveilleux cheveux blond. En entendant la voix de la sorcière, Raiponce détacha ses cheveux et les laissa se dérouler jusqu’en bas, si bien que la sorcière pouvait se hisser et entrer.

Quelques années plus tard, un prince chevauchait dans la forêt et passa près de la tour, il entendit un chant si adorable qu’il s’arrêta pour l’écouter. C’était Raiponce qui chantant avec la plus belle des voix. Le prince, qui voulait monter vers elle, chercha la porte de la tour mais n’en trouva aucune. Il finit par rentrer chez lui ; mais le chant l’avait bouleversé qu’il ne pouvait plus laisser passer un jour sans revenir à la tour et écouter.

Un jour, alors qu’il était caché derrière des buissons, il vit apparaitre la sorcière et l’entendit appeler Raiponce :

« Raiponce, Raiponce,
Descends-moi tes longs cheveux. »

Raiponce laissa alors tomber ses cheveux et la sorcière grimpa. Le prince ayant comprit comment rejoindre la belle Raiponce, tenta sa chance le lendemain et arriver au pied de la tour il l’appela :

« Raiponce, Raiponce,
Descends-moi tes longs cheveux. »

Les nattes se déroulèrent aussitôt et prince monta. C’est alors que Raiponce prit peur en voyant qu’un homme était entré chez elle, un homme comme elle n’en avait jamais vu ; mais il se mit à lui parler gentiment et à lui raconter combien son cœur avait été touché quand il l’avait entendue chanter, qu’elle l’avait ensorcelé. Alors Raiponce perdit son effroi, et quand il lui demanda si elle voulait de lui comme époux, elle répondit qu’elle le voulait bien, en mettant sa main dans la sienne. Elle ajouta aussitôt :

– Je voudrais bien partir avec toi, mais je ne sais pas comment descendre d’ici. A chacune de tes visites, apporte-moi un cordon de soie : j’en ferai une échelle, et quand elle sera finie, je descendrai et nous partirons ensemble.

La sorcière ne se doutait de rien jusqu’au jour où Raiponce la questionna : « Dites-moi, marraine, comment se fait-il que vous soyez si lourde à monter, alors que mon chère prince est en haut en un clin d’œil ?
– Ah ! Qu’est-ce que j’entends ? s’exclama la sorcière. Moi qui croyais t’avoir isolée du monde entier ! »
La sorcière était furieuse et dans sa colère, elle empoigna les beaux cheveux de Raiponce et les serra dans sa main en les tournant, puis elle, attrapa des ciseaux de l’autre main et les coupa. Elle s’en alla ensuite déposer Raiponce dans une solitude désertique, où elle l’abandonna à une existence misérable et pleine de détresse.
Ce même jour encore, elle revint attacher solidement les nattes au crochet de la fenêtre, et vers le soir, quand le prince arriva et appela :

« Raiponce, Raiponce,
Descends-moi tes longs cheveux. »

La sorcière laissa dérouler les cheveux jusqu’en bas et le prince y monta, mais ce ne fut pas Raiponce qu’il trouva en haut mais la vieille sorcière qui le fixait.

– Mouhaha ! Ricana-t-elle, tu viens chercher ta douce, mais le bel oiseau n’est plus au nid et il ne chante plus : le chat l’a emporté loin très loin et il va maintenant te crever les yeux. Pour toi, Raiponce est perdue et tu ne la retrouveras jamais !

Déchiré de douleur et de désespoir, le prince sauta par la fenêtre du haut de la tour :il sauva sa vie mais il perdit les yeux en tombant au milieu des épines. Il erra, désormais aveugle, dans la forêt, pleurant sans cesse sur la perte de sa douce Raiponce. Le malheureux erra ainsi pendant quelques années, aveugle et misérable, jusqu’au jour où ses pas l’amenèrent dans la solitude où Raiponce vivait avec les deux jumeaux qu’elle avait mis au monde. Il avait entendu une voix qu’il lui sembla connaître, et tout en tâtonnant, la voix de Raiponce la guidait vers elle. Raiponce le reconnut immédiatement et lui sauta au cou en pleurant. Deux de ses larmes ayant touché ses yeux, le prince recouvra la vue, et il ramena sa bien-aimée dans son royaume, où ils furent accueillis avec joie et vécurent à tout jamais heureux

 

 

 

 

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