Histoire d’un classique : Le Fléau de Stephen King

Le Fléau (titre original : The Stand) est un roman d’horreur de Stephen King publié à l’origine en 1978 mais qui a fait l’objet d’une nouvelle édition révisée en 1990, Stephen King y incluant de nombreux passages qui avaient été supprimés par l’éditeur lors de la première version et modifiant également plusieurs références culturelles pour les réactualiser.

Dans ce livre, une pandémie de grippe créée en laboratoire se répand à travers les États-Unis et emporte la plus grande partie de la population. Les rares survivants se scindent alors en deux camps aux buts diamétralement opposés, reproduisant ainsi la lutte éternelle du Bien contre le Mal.

Dans sa version courte, le roman a figuré dans la sélection pour le prix World Fantasy du meilleur roman alors que la version longue a été sélectionnée pour le prix Locus du meilleur roman d’horreur.

Des adaptations en téléfilm et en comics en ont été réalisées. Stephen King cite comme principales influences pour son livre l’affaire Patty Hearst et La Terre demeure, roman de George R. Stewart, ainsi que Le Seigneur des anneaux, dont le Fléau est une sorte de pendant post-apocalyptique.

Résumé :

Malgré toutes les précautions, un virus s’échappe d’une base de recherches de l’armée américaine. Un soldat parvient à quitter la base avant sa fermeture automatique et, avant de mourir, transmet le virus à tous les gens qu’il croise sur sa route.

Une épidémie de « supergrippe » ayant un taux de contamination de 99,4 % se répand alors, d’abord aux États-Unis, puis dans le monde entier et, en quelques semaines, la civilisation s’effondre, totalement ravagée. Seule une poignée de rescapés naturellement immunisés contre le virus parviennent à survivre.

 

Genèse du roman :

Ce roman développe une histoire ébauchée dans une courte nouvelle, « Une sale grippe » (Night Surf), publiée pour la première fois en 1969 et intégrée par la suite dans le recueil Danse macabre.

Dans son essai Anatomie de l’horreur, Stephen King explique qu’à l’origine du Fléau se trouve un roman qu’il voulait écrire en prenant comme base l’affaire Patty Hearst. Comme le livre n’avançait pas, son histoire s’est alors transformée pour devenir un récit post-apocalyptique, après qu’il eut vu un reportage sur la guerre chimique et biologique, et avec La Terre demeure, roman de George R. Stewart, comme source d’inspiration principale.

D’autre part, King avait toujours eu comme ambition d’écrire un récit épique, une sorte de Seigneur des anneaux replacé dans l’Amérique contemporaine, et a intégré cet aspect à son roman, le personnage de Stu Redman jouant le rôle de Frodon Sacquet, Randall Flagg celui de Sauron, et Las Vegas étant sa représentation du Mordor.

Dans Écriture : Mémoires d’un métier, King révèle qu’il fut atteint par le blocage de l’écrivain pendant l’écriture du Fléau et qu’il finit par réaliser que ses héros étaient devenus trop suffisants et qu’ils répétaient les erreurs du passé. Il a alors trouvé le moyen de faire redémarrer l’histoire avec l’idée du départ de Mère Abigaël et de la bombe placée par Harold Lauder et Nadine Cross, afin de punir ses héros. Doubleday, la maison d’édition de King en 1978, jugea le roman trop volumineux et King du opérer d’importantes coupures, supprimant environ 250 000 mots.

En 1990, après de longues négociations avec son ancien éditeur Doubleday, King est enfin libre de publier Le Fléau sous la forme qu’il souhaitait. Une nouvelle édition du roman, comprenant environ 150 000 mots supplémentaires, ce qui en fait le livre le plus long de King, ainsi qu’un début et une fin remaniée, et réactualisée sur le plan des références culturelles et politiques, est alors éditée. Les ajouts faits par King permettent de mieux définir le passé, la personnalité et les motivations des personnages, introduisent de nombreux détails sur la dispersion et les ravages de la super-grippe ainsi que deux longs passages certainement supprimés en 1978 pour cause de censure, un chapitre où des soldats noirs se vengent de la hiérarchie militaire blanche en organisant des exécutions par tirage au sort diffusées à la télévision, et un autre où la Poubelle rencontre le Kid lors de son voyage vers Las Vegas et où les deux hommes partagent une expérience sexuelle qui relie intimement l’orgasme et la mort.

 

Ventes et popularité :

Lors de sa réédition, le roman est resté trente-cinq semaines (dont quatre semaines à la première place) sur la New York Times Best Seller list, y apparaissant le 13 mai 1990, directement à la première place. Le Publishers Weekly le classe à la septième place des meilleures ventes de romans aux États-Unis en 1990. En 2008, plus de 4,5 millions d’exemplaires du roman avaient été vendus uniquement aux États-Unis.

Le Fléau est généralement, avec Ça, l’un des deux romans les plus appréciés et les plus reconnus de Stephen King. Time Magazine classe le roman à la deuxième place de sa liste des meilleurs romans post-apocalyptiques. Il est classé à la première place des romans favoris des lecteurs de Stephen King lors d’un sondage organisé par le magazine Rolling Stone en 2014.

Et en 2020 avec la crise du Covid 19 il a été un des romans les plus vendu avec Pandemia de Franck Thilliez. (Les gens sont maso…)

 

Critique :

Ray Murphy, du Boston Globe, évoque en termes brillants la caractérisation des personnages et défend les nombreux interludes présents entre chaque scène d’action et menant à un final explosif.

Sybil Steinberg, du Publishers Weekly, trouve également que les ajouts de la nouvelle version en font « un roman encore meilleur ».

Erwann Perchoc, de Bifrost, évoque « une grande œuvre » aux « personnages inoubliables » et à la « fluidité exemplaire » malgré quelques défauts, notamment trop de « bondieuseries » et un « relatif manichéisme ».

Pour Michael R. Collings, professeur d’université spécialiste de l’œuvre de King, le Fléau est « l’un des rares romans post-apocalyptiques avec le potentiel d’un classique de la littérature américaine », « à la fois une histoire extraordinaire et une dissection perspicace de la fin du vingtième siècle et d’une Amérique obsédée de technologie, moralement désorientée, aux frontières de sa propre destruction ».

Pour Collings, les ajouts de l’édition de 1990 introduisent plus de variations de rythme, enrichissent la psychologie des personnages et solidifient la conclusion du roman avec la réapparition finale de Flagg et le nouvel équilibre entre les éléments trouvés par l’écrivain. Toutes ces restaurations rendent le roman « plus puissant ».

Mais certains autres critiques ont déploré l’addition de pages supplémentaires au roman pour sa nouvelle version. Ainsi, Karen Liberatore, du San Francisco Chronicle, trouve que les ajouts n’apportent rien de plus « si ce n’est un livre plus long ». Et Robert Keily, du New York Times, estime que le livre réunit tous les atouts « aventure, romance, allégorie, satire, réalisme, apocalypse » mais que l’effet général est plus oppressant qu’imposant.

 

Distinctions :

En 1979, Le Fléau a figuré dans la sélection pour le prix World Fantasy du meilleur roman. Après sa réédition, il a été inclus dans la sélection pour le prix Locus du meilleur roman d’horreur 1991, terminant à la deuxième place.

 

Liens avec les autres œuvres de Stephen King :

Randall Flagg est un méchant récurrent de l’œuvre de Stephen King, apparaissant notamment dans le cycle de La Tour sombre et dans Les Yeux du dragon.

La ville d’Hemingford Home, où vit Mère Abigaël, apparaît également dans la nouvelle Le Dernier Barreau de l’échelle et dans Ça (c’est là que vit Ben Hanscom quand il est adulte).

Arnette, ville fictive où vit Stu Redman au début du roman, voit son équipe de football, les Ours d’Arnette, affronter les Lions de Jodie dans 22/11/63.

Vers la fin du livre, Stuart Redman et Tom Cullen trouvent une vieille voiture de marque Plymouth, et à l’intérieur de la voiture il y a un porte-clefs en cuir avec les initiales A.C., c’est-à-dire les initiales d’Arnie Cunningham dans Christine. Stu aperçoit même des cadavres entassés sur la banquette arrière de cette étrange voiture.

 

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