Joseph vacher, premier tueur en série français 2/2

 

Le parcours meurtrier

Pendant les trois années qui suivent, vacher, devenu vagabond, air dans la campagne française, au gré des petits boulots qu’il trouve de ferme en ferme. C’est alors que commence son parcours sanglant, faisant peut-être plus d’une cinquantaine de victimes en majorité des femmes et de jeunes enfants, garçons et filles…

c’est le 19 mai 1894, l’année de ses 25 ans, qu’il commet le premier meurtre avoué, celui d’Eugénie Delomme, une jeune ouvrière de 21 ans, étranglée, mutilée et violée à Beaurepaire, dans l’Isère, à 200 m de son usine. Vacher se déplace toujours à pied. Fait parfois des parcours de 60 km dans une seule journée ! Il semble infatigable. On retrouvera la trace de son passage dans la Drôme, dans le Rhône, l’Allier, la Nièvre, la Saône-et-Loire. Il sillonne la France de la Bretagne à la Provence, des Pyrénées à la frontière belge. Semant ici et là des cadavres qu’il ne prend même pas la peine de dissimuler.

L’enquête

C’est l’intuition d’un jeune juge d’instruction, qui permettra de découvrir l’existence du premier tueur en série français, que la presse nommera bientôt : « l’éventreur du sud-est », en référence à Jack l’éventreur qui avait semé la terreur à Londres moins de 10 ans auparavant.

Nous sommes maintenant en avril 1897. Émile Fouquet vient tout juste d’être nommé juge d’instruction. Son prédécesseur lui a laissé une pile de dossiers non élucidés. L’un d’eux, en particulier, intéresse le jeune magistrat.

Le meurtre s’est déroulé un an et demi plus tôt, le 1er septembre 1895. Le corps de Victor Portalier, un berger de 16 ans, est retrouvé éventré, égorgé, les parties génitales tranchées. Il a été violé après sa mort. Émile Fouquet se demande comment un être humain a pu commettre un meurtre aussi horrible. Seul un monstre a pu faire une telle chose, se dit-il !

Deux mois plus tard cependant, le 18 juin 1897, le juge apprend que, la veille du meurtre du berger Victor, un adolescent de 13 ans, Pierre Laurent, avait été retrouvé éventré, mutilé et violé dans le Rhône soit environ à 100 km de la. Le juge se procure le rapport d’autopsie. Stupeur ! Les meurtres sont similaires. Des témoins rapportent également avoir aperçu un vagabond au visage déformé ce jour-là dans les parages. Et si c’était le même meurtrier ? Et s’il y avait eu ailleurs, d’autres meurtres semblables ?

Émile Fouquet contact alors tous ses homologues magistrats instructeurs aux quatre coins de la France. il veut vérifier, leur dit-il, s »ils n’ont pas dans leurs dossiers des affaires criminelles non résolues similaires au meurtre de Victor. Après regroupement des informations, plus d’une vingtaine de cas lui sont révélés. Ils concernent principalement des assassinats d’adolescents des deux sexes, ainsi que des meurtres de femmes veuves.

4 août 1897. Nous sommes à Champigny, dans un petit village d’Ardèche, situé près de Valence. Malgré la chaleur écrasante, séraphin Plantier et Marie Eugénie, sa femme, vont ramasser des pommes de pin, qu’ils utilisent pour allumer le feu l’hiver. Séraphin et son fils de sept ans pénètrent dans un bois. Marie, quant à elle, reste à la lisière pour veiller sur leur deuxième enfant, un nouveau-né de quelques semaines. Soudain séraphin entend des hurlements. Il se précipite et aperçoit un homme en train de poursuivre sa femme. Le mari saute sur l’inconnu. D’autres paysans alertés par les cris arrivent au pas de course l’homme est maîtrisé. Marie Eugénie raconte alors que l’homme a tenté de la violer. Les gendarmes viennent chercher l’agresseur qui se présente comme étant le « sergent vacher Joseph, de Beaufort ». Il est immédiatement présenté à un juge d’instruction de Tournon. Devant le juge, le vagabond prend la situation à la légère :

« que d’histoire, dit-il pour avoir juste voulu tirer un coup ! »

Il est condamné à trois mois de prison pour tentative de viol.

Mais, le magistrat instructeur se souvient d’un message du juge Émile Fouquet qu’il a reçu quelques jours plus tôt. La description du portrait type correspond. Et si ce Joseph Vacher était l’éventreur du sud-est ? Début octobre, il est transféré à Belley entre deux gendarmes pour être entendu par le juge.

Premier interrogatoire

Durant l’interrogatoire, le juge écoute attentivement le vagabond, mais il n’est pas satisfait. Le sergent ne mentionne aucun meurtre. Le magistrat insiste. Vacher nie tout en bloc. Ne parvenant pas à le faire parler, on le remet en cellule. Tous les jours, le juge rend visite au prisonnier. Il veut des aveux,. Beaucoup pensent, comme le médecin de la prison, que Joseph n’est pas responsable de ses actes, qu’il est fou allier. Le magistrat pense le contraire. Pour lui, c’est un simulateur parfaitement sain d’esprit.

Le 8 octobre, les efforts du juge d’instruction s’avèrent enfin fructueux, l’éventreur avoue ses crimes dans une « lettre adressée à la France », qu’il demande au juge de faire publier dans plusieurs journaux. C’est la condition exigée par Vacher pour passer aux aveux ! Le juge accepte. Vacher lui donne son texte.

Fouquet contact alors l’un des plus éminents médecins légiste de l’époque, le Docteur Lacassagne qui se trouve à Lyon. Il lui transmet la lettre et les aveux de Vacher et lui demande de procéder à une étude de la personnalité de son tueur.

Dans son rapport, le professeur Lacassagne déclare :

« ce dernier est parfaitement sain d’esprit ! »

Le jeune magistrat s’appuie sur ce document pour envoyer vacher devant la cour d’assises.

Le procès

26 octobre 1898. Bourg-en-Bresse. Le palais de justice est bondé. Tout le monde veut voir le célèbre tueur de bergères. Dans le box des accusés, l’homme fait sensation. Il a sur la tête un chapeau de lapin blanc, il porte sur la poitrine une pancarte où il est écrit :

« j’ai deux balles dans la tête ».

Puis il se met à chanter à tue-tête un psaume qui glorifie Jésus et Jeanne d’Arc. Entre deux délires, l’accusé a pourtant des moments de lucidité. Il raconte au président ses crises de démence :

« à chaque fois, je suis pris d’une espèce de fièvre, d’un tremblement nerveux, je ne veux pas tuer, ni violer, mais il faut que je le fasse. »

Son avocat plaide l’irresponsabilité et la folie comme circonstances atténuantes.

Mais le 28 octobre 1898, Joseph vacher est reconnu coupable de 11 meurtres avec préméditation. Il est condamné à mort.

Deux mois plus tard, le président de la république, Félix Faure refuse sa grâce.

Le samedi 31 décembre, à quelques heures du réveillon de fin d’année, Joseph Vacher, âgé de 29 ans, est amené au pied de l’échafaud, sous les cris d’une foule haineuse qui hurle

« à mort l’éventreur ».

L’homme fait face et prononce ses dernières paroles :

« la France n’a pas le courage de supporter ses fautes. Il lui faut une victime, c’est Vacher ! Ils seront frais quand ils auront ma tête. On devait me soigner dans les asiles… s’ils m’avaient soigné, jamais, jamais, je n’aurais commis tant de crimes. »

 

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