L’affaire Dupont de Ligonnès, L’enquête (1/4)

Comment tout a commencé

Le 13 avril 2011, plusieurs voisins d’une maison cossue située au 55, Boulevard Robert Schuman a Nantes, appellent la police pour signaler la disparition inexplicable d’une famille de six personnes, les Dupont de Ligonnès, qui loue cette maison de deux étages depuis plusieurs années.

Ils s’inquiètent, car, depuis le 8 avril, les volets sont clos, la boîte aux lettres a été enlevée et remplacée par un écriteau demandant de retourner désormais le courrier aux expéditeurs.

Un huissier, chargé de recouvrer une dette de 20 000 €, avait trouvé porte close dès le 5 avril. Le lendemain, la petite amie de l’un des enfants du couple, Arthur, 20 ans, inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles, était venue frapper à la porte de la maison familiale. Personne n’avait répondu, mais elle avait remarqué qu’une lumière fonctionnait au premier étage. Elle avait aussi été étonnée de l’absence des deux labradors de la famille, qui n’avaient pas aboyé.

Une disparition qui semble préméditée

Le 11 avril, la direction du collège de la perdrix où étaient scolarisés deux des quatre enfants, Anne 16 ans, et Benoît, 13 ans, avait reçu une lettre signée de leur père, Xavier, indiquant qu’ils quittaient l’établissement, et partaient pour l’Australie, du fait d’une mutation professionnelle urgente. On apprendra plus tard que l’établissement catholique où travaillait l’épouse de Xavier, Agnès, avait reçu une lettre de démission, signée de sa main, évoquant également cette mutation. Le directeur avait cherché à la joindre au téléphone, sans succès.

Une lettre d’adieu

Le contenu d’une autre lettre, non signée, datée du 8 avril, sera révélé plus tard par la presse. C’était une lettre d’adieu de quatre pages, adressé à « notre famille et nos amis ». Dans cette lettre dactylographiée, Xavier explique que lors de son séjour aux États-Unis, quelques années plus tôt, il avait été contacté par la DEA, l’agence américaine de lutte contre le trafic international de stupéfiants. Il serait devenu une sorte d’agent spécial, un « infiltré », et par mesure de protection pour lui et sa famille, les autorités américaines avaient décidé de les exfiltrer sous une nouvelle identité, avec pour conséquence de devoir couper les ponts et d’être injoignable, peut-être pendant plusieurs années !

Il précisait aussi que pour mieux brouiller les pistes, il allait annoncer un départ prochain pour l’Australie !

La lettre se terminait par ces quelques lignes :

« Prenez bien soin de vous tous. Nous aurons tellement de choses à nous raconter plus tard ! Xavier, Agnès, Arthur, Thomas, Anne et Benoît

Le plus dur va être de nous habituer à nos nouveaux noms ! »

Des achats inquiétants

Le 19 avril, le parquet de Nantes ouvre officiellement une enquête pour « disparition inquiétante ». Il est vraisemblable que cette décision a été prise après la découverte par les policiers que Xavier Dupont de Ligonnès avait effectué un certain nombre d’achats de matériels divers, pour le moins surprenant. Le 1er avril, il avait acheté du ciment ainsi qu’une bêche et une houe. Le 2 avril, il s’était procuré quatre sacs de chaux de 10 kg chacun, dans différents magasins de la région.

Par ailleurs, des témoins ont dit l’avoir aperçu près de son domicile alors qu’il transportait des gros sacs entre sa maison et sa voiture, entre le 3 et le 7 avril.

La maison de l’horreur

Le 21 avril 2011, un avis de recherche est lancé pour toute la famille.

Un peu plus tard dans la journée, les enquêteurs commencent une perquisition de la maison. Ils entreprennent également des fouilles dans le jardin de 300 m², puis sous la terrasse. C’est là qu’ils découvrent les cadavres de la mère, Agnès, 48 ans et de ses quatre enfants, en tenue de nuit, enveloppés dans des draps ou dans des sacs de couchage, placé dans des sacs de jute recouvert de chaux vive, un produit qui accélère la décomposition des corps et qui neutralise les odeurs de putréfaction. On retrouvera aussi les dépouilles des deux chiens de la famille.

Les autopsies révéleront que les membres de la famille et les deux chiens ont été abattus d’une balle de 22 longs rifles.

Arthur, 20 ans, Thomas, 18 ans, Anne, 16 ans et Benoît, 13 ans, ont été préalablement drogué, avec un somnifère.

A SUIVRE…

 

 

Rééditions de mars 2021

 

Avis de recherche

Aujourd’hui il pourrait ressembler à ça. (Photos vieillies)

 

 

Pour prolonger le sujet :

 Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès

Romain Puértolas

Date de parution 10/01/2024

Editeur Albin Michel

Dans ce « roman-quête », Romain Puértolas, ancien capitaine de police et auteur à succès de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, lie avec brio une rigoureuse investigation policière à une fiction aussi étonnante que jubilatoire, révélant, peut-être, le fin mot d’une déroutante affaire judicaire.

 

 

 

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