L’affaire Dupont de Ligonnès, L’enquête (4/4)

Les derniers points de l’enquête

La procureur Brigitte Lamy ne remet pas en cause le statut de suspect de Xavier Dupont de Ligonnès et penche pour la thèse du suicide. Quand le corps sera retrouvé et sans autre suspect, l’enquête débouchera sur un non-lieu ou, éventuellement, un procès par défaut.

Brigitte Lamy

 

En juin 2013, un corps est retrouvé à une vingtaine de kilomètres du lieu où a été vu Xavier Dupont de Ligonnès pour la dernière fois. Une autopsie est réalisée, les enquêteurs n’excluant pas qu’il s’agisse de son corps.

« À ce jour, il ne s’agit pas du corps de Xavier Dupont de Ligonnès »,

a affirmé le procureur de Draguignan, Danielle Drouy-Ayral, sans toutefois donner plus de détails pour justifier cette affirmation.

Thèse du suicide

En 2019 l’ancien directeur interrégional ouest de la police judiciaire Jean-Paul Le Tensorer se dit convaincu que Xavier Dupont de Ligonnès a mis fin à ses jours. Il décrit un personnage aux abois et acculé face à une situation financière et patrimoniale intenable, empruntant de l’argent à ses proches, à ses maîtresses et puisant dans l’héritage de son épouse. L’ancien policier met en lumière les fonds nécessaires pour financer un changement d’identité, une chirurgie plastique et une vie quotidienne coupée de son entourage.

Néanmoins, des proches et journalistes n’accordent pas de crédit à cette thèse du suicide, et la préparation méticuleuse de sa fuite par Xavier Dupont de Ligonnès en est une raison.

Découverte d’ossements

Durant la soirée du 28 avril 2015, des ossements sont découverts par un promeneur dans la forêt de Bagnols, près de Fréjus, proche du lieu où Xavier Dupont de Ligonnès avait été aperçu pour la dernière fois.

La police fait alors le rapprochement avec la disparition du suspect, et procède à des analyses sur ce qui semble rester d’un camp de survie, où sont également retrouvés quelques objets tels qu’un portefeuille vide, un briquet, des lunettes, un sac de couchage, un magazine ainsi qu’une facture datant de 2011. Une broche médicale aurait également été retrouvée dans l’avant-bras de l’inconnu. Toutefois, à la connaissance des policiers, Xavier Dupont de Ligonnès ne portait pas de broche à l’avant-bras, bien qu’il ne soit pas impossible qu’il se soit fait opérer après sa disparition. De plus, il semblerait que le magazine retrouvé dans le camp daterait plutôt de l’année 2010. Or, les événements qui ont précédé la fuite de Xavier Dupont de Ligonnès datent, eux, de 2011.

Le 1er mai 2015, le site internet RTL.fr rapporte que

« l’ADN prélevé sur les effets personnels du cadavre découvert le 28 avril au soir à Bagnols-en-Forêt dans le Var n’est pas celui de Xavier Dupont de Ligonnès mais celui d’un autre homme inconnu pour l’instant ».

Courrier envoyé à une journaliste

Une journaliste nantaise a reçu mi-juillet 2015 un courrier contenant une photo représentant Arthur et Benoît, l’aîné et le benjamin assis devant une table de cuisine. Au verso de la photo est écrit

 « Je suis encore vivant »

et la formule quelque peu bancale et énigmatique, inscrite en minuscules

« de là jusqu’à cette heure », suivie de la signature « Xavier Dupont de Ligonnès ».

L’identité de l’expéditeur reste très incertaine.

Piste du monastère de Roquebrune-sur-Argens

Le 9 janvier 2018, jour de l’anniversaire du fugitif, le quotidien Ouest-France annonce vers 9 h qu’une intervention de la police judiciaire a lieu au monastère Saint-Désert de Roquebrune-sur-Argens. Une vingtaine d’enquêteurs interviennent dans cet édifice religieux, où deux témoins affirment avoir reconnu le père de famille lors d’une messe. Ce monastère n’avait jamais fait l’objet d’une fouille de la part des enquêteurs. Des policiers de la PJ de Nantes, assistés de leurs collègues de Toulon, relèvent les empreintes, sans succès. Xavier Dupont de Ligonnès ne s’y trouve pas.

 

Arrestation de Glasgow et emballement médiatique

Le 11 octobre 2019 à 20 h 44, Le Parisien annonce, avec un bandeau « Exclusif » que

« Xavier Dupont de Ligonnès a été arrêté »

à l’aéroport international de Glasgow. Le journal indiquera plus tard avoir croisé l’information auprès de cinq sources distinctes proches du dossier et fiables, certaines s’étant fait authentifier l’identification par la police écossaise.

Mais rapidement, l’information réelle est qu’« un homme soupçonné d’être Xavier Dupont de Ligonnès [a été] arrêté ». La police française appelle à la « plus grande prudence » concernant l’identification du suspect. La police écossaise indique à 23 h qu’un homme a été arrêté et que son identification est en cours. Il ne s’agissait que d’une dénonciation anonyme, relayée aux autorités françaises par le bureau Interpol de Londres qui nécessitait une vérification. L’AFP relaye à 23 h 30 la tenue d’une perquisition à Limay (Yvelines) au domicile de l’homme arrêté. À minuit, le procureur de la République de Nantes appelle à la « prudence« , signalant que la concordance du suspect et du tueur n’est pas faite.

Cependant de nombreux journaux, sur la base de l’article du Parisien d’une dépêche AFP envoyée à 21 h et confirmant les faits sur la base de cinq sources distinctes, font leur une affirmant sans nuance qu’il s’agit bien de Xavier Dupont de Ligonnès (certaines rédactions retirant le conditionnel à quelques minutes de leur bouclage) et les chaines d’information en continu diffusent des « éditions spéciales » toute la nuit et le lendemain matin.

Interviewés tard dans la nuit et le lendemain matin, les voisins de l’homme arrêté déclarent aux enquêteurs et à la radio qu’il est « impossible » que l’homme arrêté soit Xavier Dupont de Ligonnès.

Le lendemain, le 12 octobre 2019, les médias remettent l’information au conditionnel (dépêche AFP à 10 h 50) et finalement les autorités annoncent à 12 h 55 que l’homme arrêté n’est pas Xavier Dupont de Ligonnès : les empreintes ne correspondent que très partiellement (5 points sur 13), l’écart des yeux ne serait pas le même et l’homme arrêté est plus âgé. Les analyses ADN confirment définitivement l’erreur sur la personne. Le Parisien reproche alors aux policiers écossais d’avoir confirmé à leurs homologues français une fausse information, en n’émettant aucun doute quant à l’identité de la personne arrêtée.

Et vous qu’en pensez vous ? coupable ou innocent ? suicidé ou vivant ?

 

Rééditions de mars 2021

 

Quelques lectures pour prolonger le sujet :

 Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès

Romain Puértolas

Date de parution 10/01/2024

Editeur Albin Michel

Dans ce « roman-quête », Romain Puértolas, ancien capitaine de police et auteur à succès de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, lie avec brio une rigoureuse investigation policière à une fiction aussi étonnante que jubilatoire, révélant, peut-être, le fin mot d’une déroutante affaire judicaire.

 

Avis de recherche

Aujourd’hui il pourrait ressembler à ça. (Photos vieillies)

 

 

 

Tous les liens Rouge et soulignés sont des liens affiliés. Je reçois donc une petite commission si vous commandez via ces liens. Bien évidemment vous ne payerez rien en supplément 🙂

 

Laisser un commentaire