Créatures légendaires : La Banshee

Une banshee, banshie ou bean sí est une créature féminine surnaturelle de la mythologie celtique irlandaise, considérée comme une magicienne ou une messagère de l’Autre monde (sidh). Elle est comparable à d’autres créatures mythologiques d’Europe (mythologie galloise ou nordique).

Étymologie

La banshee est connue par différents noms, selon les langues et les époques. La désignation actuelle la plus commune est le terme anglais banshee (attesté en 1771) qui dérive du gaélique irlandais par emprunt phonétique.

En gaélique d’Irlande, le terme est bean sidhe (ou bean sí, anciennement ben síd), en gaélique d’Écosse bean sith, signifiant littéralement « femme du sidh ». Le sidh (ou sí, síd, sith, sidhe) désignait l’Autre Monde dans la mythologie celtique du peuple Gaël, puis ce terme prit ultérieurement le sens de « colline, tertre, monticule » (donnant accès au royaume des dieux ou de la mort), puis le sidhe/sith (confondu avec Aos sidhe) puis finalement le sens de « peuple des collines » ou de « fée » (anglais fairy).

La banshee est parfois désignée d’après son comportement : en Irlande par bean chaointe (écossais caointeach, anglais keening (en) woman), c’est-à-dire la « femme qui hurle des mélopées funèbres ».

Dans le sud-est de l’Irlande, la banshee est également désignée par différentes formes dialectales de badhbh ; ce terme dérive de Badh (ancien Bodhb), nom d’une déesse protectrice (ou guerrière) dans la mythologie celtique ou médiévale.

Mythologie celtique des Gaëls

Si la documentation nous provient essentiellement de la littérature irlandaise médiévale (après la christianisation de l’Irlande), la bean sí est probablement d’origine celtique.

Il est difficile de déterminer le sens originel de bean sí, en raison du mélange de concepts païens et chrétiens dans les textes médiévaux. Anciennement, bean sí aurait pu désigner une « qualité mystique ou magique » (sí) attachée à une « femme » (bean). Ce ne serait qu’à partir du viiie siècle, que la bean sí prendrait dans les textes le sens de « femme de l’Autre monde ».

Parfois elles accordent leurs faveurs à des hommes, s’ils en sont dignes, c’est-à-dire à des héros ou à des guerriers émérites, tels Conle ou Bran Mac Febail et les emmènent avec elles, dans la « Plaine des Plaisirs », Mag Meld, un autre nom du Sidh. Parfois leur apparition provoque une maladie que nulle médecine ne peut guérir, et qui conduit à la mort, à moins d’une intervention divine.

Le récit, superficiellement christianisé, de la mort de Muirchertach Mac Erca (Aided Muir-chertaig Meic Erca) nous présente une bansidh et ses pouvoirs. Dans cette histoire, le héros n’est pas emmené dans le sidh, mais la femme exerce dans le monde avant de se convertir. Sin, la femme de l’Autre Monde, est d’une telle beauté que le roi ne peut résister à la séduction et elle exige qu’il répudie et chasse son épouse. Il lui est interdit de prononcer le nom de la femme (geis), sous peine de mort. Sa magie est telle qu’elle peut créer des armées, changer l’eau en vin, transformer des pierres en moutons et des fougères en porcs, elle peut aussi faire de l’or et de l’argent.

Folklore des îles Britanniques

La banshee du folklore concerne toutes les légendes et croyances populaires des îles Britanniques (Irlande et Grande-Bretagne). Ces légendes étaient transmises de génération en génération, principalement par voie orale (contes, récits, chants, rites). Les banshee sont restées un objet de croyance depuis le Moyen Âge jusqu’au début du xxe siècle où les légendes et contes populaires ont été collectés par des chercheurs.

 

Protectrice des terres et familles

Chaque grande famille irlandaise avait sa propre banshee. Celle-ci suivait la famille si elle déménageait dans un autre pays.

« Une des plus belles superstitions des fictions irlandaises est d’assigner à certaines familles d’une vieille souche et d’un rang distingué, le privilège d’une banshie, ainsi nommée, ou fée domestique, dont l’office est d’apparaître en deuil pour annoncer la mort prochaine d’un membre de cette race. »

Souvent, la venue d’une banshee associée à une ancienne famille s’accompagne de celle d’un coche noir, conduit par un fantôme sans tête. C’est lui qui est alors chargé de recueillir l’âme du défunt. En janvier 1804, deux soldats du Coldstream Regiment virent passer un tel attelage à Londres. Lorsqu’ils virent une femme sans tête se déplacer le long du Birdcage Walk en coche, ils eurent une frayeur telle qu’ils durent séjourner quelque temps à l’hôpital.

Cette tradition d’une banshee protectrice des familles peut être comparée à d’autres figures légendaires d’Europe, comme les lares de l’Antiquité romaine, d’origine étrusque : des divinités protectrices particulières à chaque famille (Lar familiaris).

Messagère de mort

Une caractéristique majeure du folklore de la banshee est son lien avec l’annonce ou le présage de mort. Dans les traditions et récits médiévaux, la manifestation de la banshee était liée aux aspects guerriers, avec l’annonce des morts durant les batailles sanglantes et la symbolique du passage vers l’Autre Monde (chrétien ou paganiste). À l’époque moderne, dans le contexte d’une société paisible, la banshee annonce généralement les morts (de cause naturelle) au sein d’une famille ou d’une maison.

Selon Lysaght, l’origine principale des légendes de Banshee, en tant que messagère de mort, est la figure et le rôle de déesses mythologiques celtiques irlandaises. D’autres origines sont parfois supposées, comme l’ancienne tradition et pratique irlandaise des lamentations funèbres, le folklore anglo-saxon des fées (fairies), le folklore médiéval et moderne des fantômes et esprits revenants d’une femme (attachée à une famille) ou le folklore autour du « peuple des monticules » (aos sidhe).

Laveuse des morts

D’après la tradition orale du xxe siècle, dans le Comté de Galway (ouest de l’Irlande) et ses régions limitrophes, la banshee nettoie parfois un linge dans un cours d’eau ; à l’identique d’autres légendes de lavandière de nuit, comme le présage de mort de la bean nigh du folklore gaélique d’Écosse ou la kannerezed noz de Bretagne.

Selon Lysaght, ce folklore moderne est directement relié aux histoires médiévales irlandaises qui mentionnent que la déesse celte Badb annonçait les morts à la bataille en nettoyant les vêtements ensanglantés des personnes destinées à mourir.

Pleureuse

Selon la tradition, la banshee annonce parfois la mort par des pleurs, des gémissements ou des lamentations ; ou plus exactement des « mélopées funèbres ». Par ce comportement, elle est ainsi dénommée en irlandais bean chaointe, écossais caointeach, anglais keening woman (« femme pleureuse »).

Ces « mélopées funèbres » (keening en anglais) font directement référence à l’ancienne pratique gaélique des pleureuses ; des femmes qui improvisaient des lamentations vocales durant les processions funèbres et les enterrements, afin de rendre hommage au mort et à sa famille. Cette pratique funèbre, présente dans plusieurs régions du monde, est attestée en Irlande et en Écosse durant le Moyen Âge. Elle a progressivement disparu, à la suite de l’interdiction de cette pratique par l’Église catholique en Irlande. Ces pleureuses (parfois rémunérées) imitaient généralement les aspects de la banshee légendaire, en portant par exemple leurs cheveux dénoués, une longue robe, les pieds nus…

Crieuse

Dans le folklore plus tardif, notamment la tradition orale du xxe siècle, la banshee annonce la mort par un cri ou hurlement terrifiant. Cette tradition moderne semble particulièrement présente dans les régions influencées par des cultures non gaéliques, telles que l’Est de l’Irlande, le sud de l’Écosse, le pays de Galles.

Le cri de la banshee se distingue clairement d’un cri humain ou animal, et il se fait toujours entendre durant la nuit. Il est entendu le soir par les personnes encore éveillées, ou bien il réveille les personnes durant leur sommeil. Ce cri annonce la mort d’une personne dans la maison ou la famille, ou bien le présage de la mort imminente.

Cette banshee crieuse, souvent assimilée à un esprit ou fantôme, est similaire à d’autres figures de revenants du folklore médiéval d’Europe, qui par leurs cris annoncent un décès.

Apparence

D’après les récits et témoignages collectés, il apparait plusieurs caractéristiques fréquentes sur l’apparence de la banshee. La banshee est toujours un être solitaire.

Elle est très souvent décrite portant de longs cheveux, qui sont dénoués et visibles, à l’inverse de l’ancienne tradition irlandaises des femmes cachant leurs cheveux dans un foulard. Quelques légendes mentionnent la banshee se coiffant ou son peigne volé par un humain.

La banshee porte généralement une longue robe, à la mode ancienne. Parfois la banshee est pieds nus. Les descriptions reprennent parfois certaines caractéristiques légendaires des fantômes, telle que l’extrême pâleur ou la blancheur de sa peau ou les traits morbides de son visage.

 

Légendes et créatures apparentées

D’autres créatures légendaires sont apparentées à la banshee :

Les sluagh, sont les esprits des morts sans repos, dans le folklore irlandais et le folklore écossais. Interdits dans l’Autre Monde (Paradis, Enfer, Sidh), ils apparaissent aux humains et sont souvent décrits comme des créatures perturbatrices ou destructrices.

Le folklore de la Dame blanche se confond parfois avec celui de la banshee, en un personnage trouble ayant les mêmes caractéristiques. La Dame blanche, mythe plus moderne semble clairement dérivé de celui de la banshee. On peut supposer que, fort de son succès, la légende de la Dame blanche a ultérieurement influencé le folklore d’Angleterre, d’Irlande et du pays de Galles, puisqu’on y trouve mention de la Dame blanche en même temps que des banshees. En France, certaines Dames blanches sont parfois comparées aux banshees : à l’exemple de la Dame du palais des Bourbons, qui se manifestait la veille de la mort d’un des membres de cette famille.

D’autres créatures comme Mélusine, Áine, Aeibhinn, Aoibheall, sainte Brigitte ont des caractéristiques parfois comparées à celles de la banshee.

 

 

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